Douterce n'est pas renoncer à la vérité : le doute comme moyen de découvrir la vérité (à condition de définir la vérité) En effet, 1. La vérité consiste en une somme de jugements élaborés par les hommes quand ils font usage de leur raison (est vrai un énoncé ayant une valeur universelle) 2. C'est donc l'usage de la raison qui

Aujourd’hui c’est le Jour J ! Le bac commence avec la fameuse Ă©preuve de philo. Voici les sujets filiĂšre par filiĂšre Pour les L Sujet 1 Est-il possible d’échapper au temps ? Sujet 2 À quoi bon expliquer une Ɠuvre d’art ? Sujet 3 Expliquer le texte suivant Pour savoir ce qu’est une loi de la nature, il faut que nous ayons une connaissance de la nature, car ces lois sont exemptes d’erreur et ce sont seulement les reprĂ©sentations que nous en avons qui peuvent ĂȘtre fausses. La mesure de ces lois est en dehors de nous notre connaissance n’y ajoute rien et ne les amĂ©liore pas. Il n’y a que la connaissance que nous en avons qui puisse s’accroĂźtre. La connaissance du droit est, par certains cĂŽtĂ©s, semblable Ă  celle de la nature, mais, par d’autres cĂŽtĂ©s, elle ne l’est pas. Nous apprenons, en effet, Ă  connaĂźtre les lois du droit telles qu’elles sont donnĂ©es. C’est plus ou moins de cette façon que le citoyen les connaĂźt et le juriste qui Ă©tudie le droit positif1 s’en tient, lui aussi, Ă  ce qui est donnĂ©. Toutefois la diffĂ©rence consiste en ceci que, dans le cas des lois du droit, intervient l’esprit de rĂ©flexion et la diversitĂ© de ces lois suffit Ă  nous rendre attentifs Ă  ce fait que ces lois ne sont pas absolues. Les lois du droit sont quelque chose de posĂ©, quelque chose qui provient de l’homme. La conviction intĂ©rieure peut entrer en conflit avec ces lois ou leur donner son adhĂ©sion. L’homme ne s’en tient pas Ă  ce qui est donnĂ© dans l’existence, mais il affirme, au contraire, avoir en lui la mesure de ce qui est juste. Il peut sans doute ĂȘtre soumis Ă  la nĂ©cessitĂ© et Ă  la domination d’une autoritĂ© extĂ©rieure, mais il ne l’est pas comme dans le cas de la nĂ©cessitĂ© naturelle, car son intĂ©rioritĂ© lui dit toujours comment les choses doivent ĂȘtre, et c’est en lui-mĂȘme qu’il trouve la confirmation ou la dĂ©sapprobation de ce qui est en vigueur. Dans la nature, la vĂ©ritĂ© la plus haute est qu’il y a une loi ; cela ne vaut pas pour les lois du droit oĂč il ne suffit pas qu’une loi existe pour ĂȘtre admise HEGEL, Principes de la philosophie du droit 1820 Pour les ES Sujet 1 La morale est-elle la meilleure des politiques ? Sujet 2 Le travail divise-t-il les hommes ? Sujet 3 Expliquer le texte suivant Nous avons le libre arbitre, non pas quand nous percevons, mais quand nous agissons. Il ne dĂ©pend pas de mon arbitre de trouver le miel doux ou amer, mais il ne dĂ©pend pas non plus de mon arbitre qu’un thĂ©orĂšme proposĂ© m’apparaisse vrai ou faux ; la conscience n’a qu’à examiner ce qui lui apparaĂźt. Lorsque nous dĂ©cidons de quelque chose, nous avons toujours prĂ©sentes Ă  l’esprit ou bien une sensation ou une raison actuelles, ou tout au moins un souvenir actuel d’une sensation ou d’une raison passĂ©es ; bien qu’en ce dernier cas nous soyons souvent trompĂ©s par l’infidĂ©litĂ© de la mĂ©moire ou par l’insuffisance de l’attention. Mais la conscience de ce qui est prĂ©sent ou de ce qui est passĂ© ne dĂ©pend nullement de notre arbitre. Nous ne reconnaissons Ă  la volontĂ© que le pouvoir de commander Ă  l’attention et Ă  l’intĂ©rĂȘt ; et ainsi, quoiqu’elle ne fasse pas le jugement en nous, elle peut toutefois y exercer une influence indirecte. Ainsi il arrive souvent que les hommes finissent par croire ce qu’ils voudraient ĂȘtre la vĂ©ritĂ©, ayant accoutumĂ© leur esprit Ă  considĂ©rer avec le plus d’attention les choses qu’ils aiment ; de cette façon ils arrivent Ă  contenter non seulement leur volontĂ© mais encore leur conscience. LEIBNIZ, Remarques sur la partie gĂ©nĂ©rale des Principes de Descartes 1692 Pour les S Sujet 1 La pluralitĂ© des cultures fait-elle obstacle Ă  l’unitĂ© du genre humain ? Sujet 2 ReconnaĂźtre ses devoirs, est-ce renoncer Ă  sa libertĂ© ? Sujet 3 Expliquer le texte suivant La science a beaucoup d’ennemis dĂ©clarĂ©s, et encore plus d’ennemis cachĂ©s, parmi ceux qui ne peuvent lui pardonner d’avoir ĂŽtĂ© Ă  la foi religieuse sa force et de menacer cette foi d’une ruine totale. On lui reproche de nous avoir appris bien peu et d’avoir laissĂ© dans l’obscuritĂ© incomparablement davantage. Mais on oublie, en parlant ainsi, l’extrĂȘme jeunesse de la science, la difficultĂ© de ses dĂ©buts, et l’infinie briĂšvetĂ© du laps de temps Ă©coulĂ© depuis que l’intellect humain est assez fort pour affronter les tĂąches qu’elle lui propose. Ne commettons-nous pas, tous tant que nous sommes, la faute de prendre pour base de nos jugements des laps de temps trop courts ? Nous devrions suivre l’exemple des gĂ©ologues. On se plaint de l’incertitude de la science, on l’accuse de promulguer aujourd’hui une loi que la gĂ©nĂ©ration suivante reconnaĂźt pour une erreur et remplace par une loi nouvelle qui n’aura pas plus longtemps cours. Mais ces accusations sont injustes et en partie fausses. La transformation des opinions scientifiques est Ă©volution, progrĂšs, et non dĂ©molition. Une loi, que l’on avait d’abord tenue pour universellement valable, se rĂ©vĂšle comme n’étant qu’un cas particulier d’une loi ou d’une lĂ©galitĂ© plus gĂ©nĂ©rale encore, ou bien l’on voit que son domaine est bornĂ© par une autre loi, que l’on ne dĂ©couvre que plus tard ; une approximation en gros de la vĂ©ritĂ© est remplacĂ©e par une autre, plus soigneusement adaptĂ©e Ă  la rĂ©alitĂ©, approximation qui devra attendre d’ĂȘtre perfectionnĂ©e Ă  son tour. Dans divers domaines, nous n’avons pas encore dĂ©passĂ© la phase de l’investigation, phase oĂč l’on essaie diverses hypothĂšses qu’on est bientĂŽt contraint, en tant qu’inadĂ©quates, de rejeter. Mais dans d’autres nous avons dĂ©jĂ  un noyau de connaissances assurĂ©es et presque immuables. FREUD, L’Avenir d’une illusion 1927 Pour les bacs technologiques SAUF TMD et STHR Sujet 1 Seul ce qui peut s’échanger a-t-il de la valeur ? Sujet 2 Les lois peuvent-elles faire notre bonheur Sujet 3 Le fait qu’on ne voit aucune thĂšse qui ne soit dĂ©battue et controversĂ©e1 entre nous, ou qui ne puisse l’ĂȘtre, montre bien que notre jugement naturel ne saisit pas bien clairement ce qu’il saisit, car mon jugement ne peut pas le faire admettre par le jugement de mon semblable ce qui est le signe que je l’ai saisi par quelque autre moyen que par un pouvoir naturel qui serait en moi et en tous les hommes. Laissons de cĂŽtĂ© cette confusion infinie d’opinions que l’on voit parmi les philosophes eux-mĂȘmes, et ce dĂ©bat perpĂ©tuel et gĂ©nĂ©ral sur la connaissance des choses. On a tout Ă  fait raison, en effet, d’admettre que sur aucune chose les hommes – je veux dire les savants les mieux nĂ©s, les plus capables – ne sont d’accord, pas mĂȘme sur le fait que le ciel est sur notre tĂȘte, car ceux qui doutent de tout doutent aussi de cela ; et ceux qui nient que nous puissions comprendre quelque chose disent que nous n’avons pas compris que le ciel est sur notre tĂȘte ; et ces deux opinions sont, par le nombre, incomparablement les plus fortes. Outre cette diversitĂ© et cette division infinies, par le trouble que notre jugement nous donne Ă  nous-mĂȘmes et par l’incertitude que chacun sent en lui, il est aisĂ© de voir que ce jugement a son assise2 bien mal assurĂ©e. Comme nous jugeons diffĂ©remment des choses ! Combien de fois changeons-nous d’opinions ! Ce que je soutiens aujourd’hui et ce que je crois, je le soutiens et le crois de toute ma croyance ; toutes mes facultĂ©s et toutes mes forces empoignent cette opinion et m’en rĂ©pondent sur tout leur pouvoir. Je ne saurais embrasser3 aucune vĂ©ritĂ© ni la conserver avec plus de force que je ne fais pour celle-ci. J’y suis totalement engagĂ©, j’y suis vraiment engagĂ© ; mais ne m’est-il pas arrivĂ©, non pas une fois, mais cent, mais mille, et tous les jours, d’avoir embrassĂ© quelque autre opinion avec ces mĂȘmes instruments, dans ces mĂȘmes conditions, opinion que, depuis, j’ai jugĂ©e fausse MONTAIGNE, Les Essais 1580 1 controverse » discussion assise » base, embrasser » adhĂ©rer Ă  une opinion, la faire sienne. Pour expliquer ce texte, vous rĂ©pondrez aux questions suivantes, qui sont destinĂ©es principalement Ă  guider votre rĂ©daction. Elles ne sont pas indĂ©pendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord Ă©tudiĂ© dans son ensemble. DĂ©gager l’idĂ©e principale du texte et les Ă©tapes du a Le fait qu’on ne voit aucune thĂšse qui ne soit dĂ©battue et controversĂ©e, ou qui ne puisse l’ĂȘtre, montre bien que notre jugement naturel ne saisit pas bien clairement ce qu’il saisit, car mon jugement ne peut pas le faire admettre par le jugement de mon semblable » ;b 
 l’incertitude que chacun sent en lui » ;c Ce que je soutiens aujourd’hui et ce que je crois, je le soutiens et le crois de toute ma croyance ».Changer d’opinion, cela nous empĂȘche-t-il de connaĂźtre la vĂ©ritĂ© ? Pour les STHR sciences et technologies de l’hĂŽtellerie et de la restauration Sujet 1 Dissertation Seul ce qui peut s’échanger a-t-il de la valeur ? Sujet 2 Composition Les lois peuvent-elles faire notre bonheur ? Pour rĂ©diger votre composition, vous rĂ©pondrez de maniĂšre explicite, prĂ©cise et dĂ©veloppĂ©e aux questions suivantes, qui sont destinĂ©es Ă  guider votre rĂ©daction. Vous veillerez Ă  toujours faire le lien entre les diffĂ©rentes parties de votre composition, qui ne sont pas sĂ©parĂ©es les unes des autres. En particulier, entre l’ analyse du sujet » et la construction du problĂšme», et les parties suivantes hypothĂšses d’argumentation » et dĂ©veloppement argumentĂ© ». [A] – Analyse du sujet Donnez diffĂ©rents types de lois et des exemples pour chacun d’eux ?Le bonheur est-il une rĂ©alitĂ© individuelle ? Une rĂ©alitĂ© collective ? Que signifie dans le sujet notre bonheur » ?De quelle maniĂšre les lois pourraient-elle faire ou dĂ©faire le bonheur d’une personne ou d’un groupe de personnes ? Donnez un exemple de cas ou de situation oĂč cela semble se produire ? [B] – Construction du problĂšme quelle mesure les lois peuvent-elles contribuer Ă  rĂ©aliser, ou au contraire contrarier, la rĂ©alisation de ces conditions ?A quoi servent les lois, si ce n’est pas, ou pas seulement, Ă  faire notre bonheur ? [C] – HypothĂšses d’argumentation Donnez, Ă  prĂ©sent et en vous aidant des rĂ©ponses donnĂ©es en [A] et [B], les diffĂ©rentes rĂ©ponses possibles Ă  la question Les lois peuvent-elles faire notre bonheur ? » Justifiez chacune d’elles dans un paragraphe argumentĂ©. [D] – DĂ©veloppement argumentĂ© En tenant compte des Ă©lĂ©ments prĂ©cĂ©dents et Ă  l’aide de vos connaissances, vous proposerez et justifierez de maniĂšre prĂ©cise et dĂ©veloppĂ©e la rĂ©ponse qui vous paraĂźt la plus pertinente Ă  la question posĂ©e par le sujet. Vous ferez apparaĂźtre les raisons de votre choix ainsi que ce qu’il implique. Sujet 3 Explication de texte Le fait qu’on ne voit aucune thĂšse qui ne soit dĂ©battue et controversĂ©e1 entre nous, ou qui ne puisse l’ĂȘtre, montre bien que notre jugement naturel ne saisit pas bien clairement ce qu’il saisit, car mon jugement ne peut pas le faire admettre par le jugement de mon semblable ce qui est le signe que je l’ai saisi par quelque autre moyen que par un pouvoir naturel qui serait en moi et en tous les hommes. Laissons de cĂŽtĂ© cette confusion infinie d’opinions que l’on voit parmi les philosophes eux-mĂȘmes, et ce dĂ©bat perpĂ©tuel et gĂ©nĂ©ral sur la connaissance des choses. On a tout Ă  fait raison, en effet, d’admettre que sur aucune chose les hommes – je veux dire les savants les mieux nĂ©s, les plus capables – ne sont d’accord, pas mĂȘme sur le fait que le ciel est sur notre tĂȘte, car ceux qui doutent de tout doutent aussi de cela ; et ceux qui nient que nous puissions comprendre quelque chose disent que nous n’avons pas compris que le ciel est sur notre tĂȘte ; et ces deux opinions sont, par le nombre, incomparablement les plus fortes. Outre cette diversitĂ© et cette division infinies, par le trouble que notre jugement nous donne Ă  nous-mĂȘmes et par l’incertitude que chacun sent en lui, il est aisĂ© de voir que ce jugement a son assise2 bien mal assurĂ©e. Comme nous jugeons diffĂ©remment des choses ! Combien de fois changeons-nous d’opinions ! Ce que je soutiens aujourd’hui et ce que je crois, je le soutiens et le crois de toute ma croyance ; toutes mes facultĂ©s et toutes mes forces empoignent cette opinion et m’en rĂ©pondent sur tout leur pouvoir. Je ne saurais embrasser aucune vĂ©ritĂ© ni la conserver avec plus de force que je ne fais pour celle-ci. J’y suis totalement engagĂ©, j’y suis vraiment engagĂ© ; mais ne m’est-il pas arrivĂ©, non pas une fois, mais cent, mais mille, et tous les jours, d’avoir embrassĂ© quelque autre opinion avec ces mĂȘmes instruments, dans ces mĂȘmes conditions, opinion que, depuis, j’ai jugĂ©e fausse ? MONTAIGNE, Les Essais 1580 1 controverse » discussion vive. 2 assise » base, fondement. 3 embrasser » adhĂ©rer Ă  une proposition que l’on tient pour vraie, la faire sienne. Pour expliquer ce texte, vous rĂ©pondrez de maniĂšre explicite, prĂ©cise et dĂ©veloppĂ©e aux questions suivantes, qui sont destinĂ©es Ă  guider votre rĂ©daction. [A] – Questions d’analyse Montaigne constate le fait qu’on ne voit aucune thĂšse qui ne soit dĂ©battue et controversĂ©e, ou qui ne puisse l’ĂȘtre ». Au contraire, vous semble-t-il que certaines thĂšses ne sont jamais dĂ©battues et controversĂ©es ? Donnez des exemples pour l’un et l’autre cas ? Que vient apporter dans le texte la prĂ©cision ou qui ne puisse l’ĂȘtre » ?Comment pourrait-on douter que le ciel soit sur nos tĂȘtes » ? Pourquoi un tel doute serait-il plus particuliĂšrement le fait des philosophes et des savants ?Quand je soutiens une opinion, affirme Montaigne, toutes mes facultĂ©s et toutes mes forces empoignent cette opinion » quelles sont ces facultĂ©s et ces forces ?Montaigne remarque que trĂšs souvent nous changeons d’opinion », alors mĂȘme que nous y sommes totalement engagĂ©[s], vraiment engagĂ©[s] ». Qu’y a-t-il d’étonnant Ă  cela et comment expliquer que cela se produise ? [B] – ÉlĂ©ments de synthĂšse Expliquez comment les controverses et les dĂ©bats qui s’élĂšvent Ă  propos de chaque thĂšse prouvent, selon Montaigne, que nous ne saisissons pas les choses par un pouvoir naturel qui serait en moi et en tous les hommes ». Quel serait ce pouvoir ? Si ce n’est pas lui qui nous fait saisir les choses, qu’est-ce qui nous fait croire ?On pourrait s’attendre Ă  ce que la science et la philosophie mettent fin Ă  ces dĂ©saccords et controverses. Pourquoi s’attend-on Ă  cela ? D’aprĂšs l’auteur, est-ce ce qui arrive en effet ?Changer d’opinion au cours d’une discussion, est-ce ĂȘtre en dĂ©saccord avec soi mĂȘme ?En vous appuyant sur les Ă©lĂ©ments prĂ©cĂ©dents en [A] et en [B], dĂ©gagez l’idĂ©e principale du texte ainsi que les Ă©tapes de son argumentation [C] – Commentaire La force avec laquelle nous tenons Ă  une croyance est-elle un indice de sa vĂ©ritĂ© ?À la lumiĂšre de vos connaissances et de vos lectures, et en tenant compte du texte et des arguments de Montaigne, vous vous demanderez si la diversitĂ© et l’opposition des opinions et des croyances est insurmontable, et si cela prouve l’incapacitĂ© humaine Ă  Ă©tablir une connaissance certaine. Douet est-ce renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© ? Sujets / La raison et le rĂ©el / La vĂ©ritĂ© / Un dĂ©but de problĂ©matisation Dans un 1er temps, nous verrons que si l'on peut douter de tout, cela veut dire que rien au monde n'est certain, et que la vĂ©ritĂ© est une illusion. Puis, dans une 2 ° partie, nous montrerons que le doute n'est qu'un moyen qui permet de dissiper les illusions et de poser Comment dĂ©fendre un Abrini ? RĂ©ponses en plaidoiries cet aprĂšs-midi », tweetait jeudi matin Arthur DĂ©nouveaux, prĂ©sident de Life for Paris, une association de victimes des attentats du 13-Novembre. Un message rĂ©vĂ©lateur de l’impression dĂ©lĂ©tĂšre laissĂ©e au cours de ce procĂšs sur de nombreuses parties civiles par Mohamed Abrini – ses emportements, ses versions fluctuantes, ses saillies Ă©difiantes, comme lorsqu’il compara les viols commis par le groupe Etat islamique Ă  une politique message rĂ©vĂ©lateur aussi de l’ampleur de la tĂąche attendant ses deux dĂ©fenseurs, Me Marie Violleau et Me Stanislas Eskenazi, les procureurs du parquet antiterroristes ayant requis la rĂ©clusion criminelle Ă  perpĂ©tuitĂ© assortie d’une peine de sĂ»retĂ© de vingt-deux ans Ă  l’encontre du Belgo-Marocain de 37 ans, l’ami des frĂšres Abdeslam, le voisin d’Abdelhamid Abaaoud, impliquĂ© dans les prĂ©paratifs des attentats de Paris mais aussi l’homme au chapeau » de ceux de Zaventem en mars suite aprĂšs la publicitĂ©Trente ans plutĂŽt que la perpĂ©tuitĂ©Comment dĂ©fendre un Abrini ? PlutĂŽt pas mal », serait-on tentĂ© de rĂ©pondre au terme de trois heures de plaidoiries devant une salle quasiment pleine. Chacun dans leur style, les deux avocats ont jouĂ© leur partition, exploitant au maximum les maigres cartes Ă  leur disposition, insistant sur la personnalitĂ© de l’intĂ©ressĂ©, ses conditions de dĂ©tention. Ils ont fait leur propre rĂ©quisition, demandant une peine de trente ans pour leur client, une peine plus juste », selon eux. Marie Violleau le clame d’emblĂ©e Mohamed Abrini est coupable. Il va ĂȘtre condamnĂ©, on le sait. Son implication, il l’a reconnue. Elle n’est pas contestĂ©e, mais elle est circonscrite. »Elle dĂ©roule une plaidoirie trĂšs Ă©crite, sans effet de manche mais sous-tendue du dĂ©but Ă  la fin par une mĂȘme ligne de force et jalonnĂ©e ici et lĂ  d’une ironie aussi froide que mordante, notamment Ă  l’encontre de certains confrĂšres de la partie civile aimant trop les micros ou de chercheurs venus ou non tĂ©moigner Ă  la barre Mesdames, messieurs de la cour, vous ĂȘtes mille fois plus compĂ©tents que ces gens-lĂ . » Il ment parfois mais il dit aussi la vĂ©ritĂ© »En prĂ©ambule, la jeune pĂ©naliste aux longs cheveux chĂątain a tentĂ© de contrecarrer l’image laissĂ©e par Mohamed Abrini, restaurateur le jour, cambrioleur la nuit ». Pas une mince affaire. Les deux mains constamment appuyĂ©es de part et d’autre du pupitre, l’avocate assĂšne C’est l’incertitude. C’est le clair-obscur. Il parle mais trop peu. Il rĂ©pond mais il s’arrĂȘte. C’est un poĂšte. Il nous fait passer des petits papiers, parfois avec des poĂšmes. Mohamed Abrini n’est pas un soldat de l’Etat islamique. N’oubliez jamais qu’il n’a pas cessĂ© de douter. Vous retiendrez que depuis le premier jour de sa garde Ă  vue, il parle. Il ment parfois mais il dit aussi la vĂ©ritĂ©. »Mohamed Abrini, l’autre survivant du 13-Novembre qui avoue
 mais déçoitL’avocate Ă©voque ensuite les charges retenues pesant contre son client. Une bonne dizaine au total. Son voyage en Syrie, son retour en Angleterre, son passage dans les planques avant les attentats, sa rencontre avec Abaaoud, son rĂŽle dans la location des appartements, des voitures, sa prĂ©sence lors de l’achat des dĂ©tonateurs
 Elle demande Ă  la cour d’écarter la moitiĂ© des suite aprĂšs la publicitĂ©Sur la tombe de son frĂšreIl y a d’abord ce voyage en Syrie de juin 2015 alors qu’il sort Ă  peine de prison. Mohamed Abrini dira avoir voulu aller se recueillir sur la tombe de son jeune frĂšre, tuĂ© quelques mois plus tĂŽt alors qu’il combattait dans la mĂȘme brigade qu’Abdelhamid Abaaoud. Il est lĂ  le basculement, dans le dĂ©part et la mort du frĂšre en Syrie. Ce dĂ©part [celui de Mohamed Abrini, NDLR], ça part d’un dĂ©sespoir. Mohamed Abrini n’a pas combattu, il est restĂ© dix jours sur place, ça ne suffit pas », explique l’ le chemin du retour vers la Belgique, Mohamed Abrini s’arrĂȘte plusieurs jours en Angleterre oĂč il voyage entre Birmingham et Manchester. Sur place, il rĂ©cupĂšre de l’argent auprĂšs de sympathisants de la cause selon les instructions d’Abaaoud. Il se balade aussi du cĂŽtĂ© d’Old Trafford, le stade de foot de Manchester United. En vue de repĂ©rages pour un possible attentat ? Pour moi, l’idĂ©e des repĂ©rages, c’est une aberration. Avant mĂȘme qu’on lui pose des questions, un enquĂȘteur a abandonnĂ© la thĂšse de ces repĂ©rages. »AprĂšs l’Angleterre, Mohamed Abrini aurait fait une nouvelle Ă©tape Ă  Paris, cette fois-ci. Selon les enquĂȘteurs, il aurait pu y rencontrer Reda Hame, un Français renvoyĂ© de Syrie vers la France par Abdelhamid Abaaoud afin d’y perpĂ©trer un attentat contre une salle de concert. On nous dit que Mohamed Abrini et Reda Hame bornent le mĂȘme jour dans le mĂȘme secteur, mais jamais ils ne dĂ©clencheront la mĂȘme borne. Rien n’a Ă©tĂ© fait durant l’enquĂȘte pour confirmer cette rencontre », avance Me Violleau. Ici, on est au stade des preuves, pas des indices. »Celui qui a renoncĂ©Elle en vient ensuite au 12 novembre. Ce soir-lĂ , veille des attentats, il est prĂ©sent dans la planque de Bobigny. Au cours du procĂšs, il a rĂ©vĂ©lĂ© qu’il aurait initialement dĂ» faire partie des commandos avant de finalement renoncer. Ce n’est pas rien de renoncer Ă  ce moment », avance son suite aprĂšs la publicitĂ© Ce qui nous intĂ©resse, c’est ce qui s’est passĂ© dans sa tĂȘte. Il ne veut plus y aller. Il le formule ce soir-lĂ  Ă  Abdelhamid Abaaoud. Ils le regardent tous et il se fait la malle. Vous ne pouvez pas oublier qu’il n’a jamais cessĂ© de douter. »L’avocat ponctue sa plaidoirie par une derniĂšre tirade inspirĂ©e sur la perpĂ©tuitĂ© La perpĂ©tuitĂ©, c’est enlever le morceau de ciel entre les barreaux et la cellule, c’est abaisser les plafonds des prisons pour qu’ils ne puissent jamais se tenir debout. »Emmanuel CarrĂšre couvre le procĂšs des attentats du 13-Novembre pour l’Obs »Stanislas Eskenazi, son confrĂšre du barreau de Bruxelles, prend le relais. Il commence par s’excuser auprĂšs de la cour Excusez-moi de l’appeler Mohamed [qu’il prononce en langue arabe, NDLR]. AprĂšs six ans, pour moi, c’est Mohamed, ce n’est pas monsieur Abrini. » Le ton de sa plaidoirie est donnĂ©, elle sera trĂšs avocat, spĂ©cialiste de la fiscalitĂ©, dĂ©fend le Belgo-Marocain depuis le 8 avril 2016, premier jour de sa garde Ă  vue. Il se souvient de leur rencontre. Je lui demande bĂȘtement “Comment ça va ?” Il me rĂ©pond “Je suis soulagĂ© que ce soit fini” », raconte l’avocat belge, coupe en brosse, accent de Bruxelles, un sourire toujours accrochĂ© aux lĂšvres. Il connaĂźt bien Molenbeek, d’oĂč sont originaires plusieurs des membres de la cellule terroriste, pour y avoir lui-mĂȘme vĂ©cu, frĂ©quentĂ© ses cafĂ©s et sĂ»rement dĂ©jĂ  croisĂ© son client. En sortant un dĂ© de sa robe, il explique On y joue, on y joue toute la journĂ©e. On ne s’y donne pas rendez-vous, on s’y croise. On fume Ă  l’intĂ©rieur, mĂȘme si c’est interdit. On fume du shit, mĂȘme si c’est doublement interdit. On y achĂšte parfois un GSM tombĂ© du camion. On se soucie davantage du copain parti en prison que de sa victime. »La Belgique, record du nombre de dĂ©parts pour le djihadEt l’avocat belge de poursuivre Il y a des quartiers et des ambiances qui prĂ©disposaient Ă  ce que le djihadisme prenne forme. Je n’entends pas justifier les attentats mais c’est une contextualisation. » Il cite ces Ă©crans de tĂ©lĂ© toujours branchĂ©s sur Al-Jazeera et ses vidĂ©os dignes de la propagande de Daech », cette vision binaire du monde eux » et nous » qui y rĂšgne. Molenbeek ce n’est pas un camp Rohingya et on y mange Ă  notre faim, mais on doit essayer de comprendre pourquoi nous, Belges, dĂ©tenons le record du nombre de dĂ©parts par habitant en Europe. Il s’agit d’expliquer les choix », considĂšre l’ suite aprĂšs la publicitĂ©Comme sa consƓur, il tient Ă  rappeler que son client est celui qui a renoncĂ© Ă  commettre un attentat. Par deux fois. L’avocat raconte que sur les images de tĂ©lĂ©surveillance de l’aĂ©roport de Zaventem, on le voit avoir une discussion animĂ©e avec les deux autres terroristes au point d’attirer l’attention de la police. Il sort de la file oĂč il devait se faire exploser et c’est Bakraoui qui prend sa place. » Il prendra la fuite, abandonnant derriĂšre lui son chariot bourrĂ© d’explosifs. J’ai entendu mes contradicteurs parler de la lĂąchetĂ© de monsieur Abrini. La lĂąchetĂ©, c’est ce qu’il y a de plus humain. C’est ce qui prouve que monsieur Abrini a les pieds ancrĂ©s dans le sol. »Pour finir, Me Eskenazi cite les mots prononcĂ©s par Abdelhamid Abaaoud aprĂšs avoir appris qu’Abrini renonçait Ă  faire partie des commandos du 13-Novembre Si tu n’y vas pas, tu finiras ta vie en prison. » Faites-le mentir, je vous en conjure », demande l’avocat Ă  la cour. A ce moment-lĂ , c’est moi qui serais soulagĂ©. » Letout premier numĂ©ro de La Tour de Garde disait : « La vĂ©ritĂ©, telle une petite fleur dans l’immensitĂ© de la vie, est entourĂ©e et presque Ă©touffĂ©e par les mauvaises herbes luxuriantes de l’erreur. Pour la trouver, il faut ĂȘtre sans cesse Ă  l’affĂ»t. []

Le doute pose un problĂšme complĂ©mentaire Soit c’est un doute permanent dans ce cas on ne peut pas Ă©voluer puisque l’on reste prisonnier de ses hĂ©sitations. Le doute doit supposer qu’il va ĂȘtre dĂ©passĂ© en effet puisqu’ suppose une prise de conscience, il suppose aussi la volontĂ© de Ă©lue qui doute de dĂ©passer ce stade pour s’engager dans la voie de la connaissance. Par consĂ©quent, le d Ă  l’homme de propre r. Hg Renoncer c’est abandon l’on s’était fixĂ© e qu’il doit permettre endogĂšne le but que Si rond suit le sujet initial, cela signifiera que le simple fait de douter implique de refuser, d’abandonner toute vĂ©ritĂ© et en consĂ©quence le doute constituerai la fin, l’impossibilitĂ© de vouloir connaĂźtre en effet une connaissance ne peut ĂȘtre qualifiĂ©e de connaissance Ă  partir du moment oĂč elle est vraie, si elle ne l’est pas ce n’est pas une connaissance c’est une erreur voir une illusion.De plus, tous les sujets qui comportent la forme interrogative est-ce » signifie qu’une dĂ©finition est donnĂ©e, est sous- entendue. Ainsi dans exige toi vie' » nĂ©es page ce suite, douter signifierai renoncer Ă  la vĂ©ritĂ©. On a l’impression en lisant ce sujet que de termes sont contradictoires le doute et la vĂ©ritĂ©. Or, nous venons de dire que le doute est probablement constructif car il peut entraĂźner la volontĂ© de vouloir se dĂ©passer. La solution va ĂȘtre alors de dĂ©finir la vĂ©ritĂ© pour savoir si cette contradiction est valide ou pas. VĂ©ritĂ© jugement de la pensĂ©e humaine sur la rĂ©alitĂ© A heure actuelle, la vĂ©ritĂ© doit ĂȘtre dĂ©finie comme un jugement humain sur la rĂ©alitĂ©. On devrait dire d’ailleurs un jugement de la pensĂ©e humaine Deux interprĂ©tations sont possibles Jugement humain = jugement de chacun = cela signifierai que la vĂ©ritĂ© est personnelle, d’oĂč l’expression Ă  chacun sa vĂ©ritĂ© cf.. Les Sceptiques. Cette interprĂ©tation n’ plus de sens car cela signifierai fascisante de plusieurs vĂ©ritĂ©s sur un mĂȘme problĂšme, cela signifierai que toutes les idĂ©es se valent, cela signifierai aussi l’absence de dialogue je considĂšre dĂ©tenir la vĂ©ritĂ© sur un rubĂ©ole, tu considĂšres dĂ©tenir sur une vĂ©ritĂ© contradictoire sur le mĂȘme problĂšme, le dialogue n’est pas possible car toutes les idĂ©es se valent. On comprend donc que le concept de vĂ©ritĂ© signifie un jugement universel, un accord entre les hommes. Par exemple, les vĂ©ritĂ©s mathĂ©matiques, scientifiques. Dans ce cas, le jugement sur la rĂ©alitĂ© est universel. On about it Ă  ce jugement par des interrogations, par raisonnement, par dĂ©monstration, d’oĂč la possibilitĂ© d 2 about it Ă  ce jugement par des interrogations, par raisonnement, par dĂ©monstration, d’ou la possibilitĂ© d’un dialogue, d’un Ă©change. On peut donc dire qu’en ce sens la vĂ©ritĂ© est relative, cade soumise aux lois de la pensĂ©e humaine car Ă  l’évidence c’est bien la pensĂ©e humaine qui avec ses rĂ©fĂ©rences, avec ses critĂšres va pouvoir Ă©laborer la vĂ©ritĂ©. ProblĂ©matique Douter est-ce nĂ©cessairement renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© ? Est-elle une certitude absolue ? Douter est-ce refuser toute vĂ©ritĂ© ? Ă©volution du terme vĂ©ritĂ© » La vĂ©ritĂ© Dans la philosophie de l’antiquitĂ©, il est fait souvent rĂ©fĂ©rence Ă  la philosophie de PLANTON donc de ESCORTE. ESCORTE est considĂ©rĂ© comme le pĂšre de la philosophie =recherche de la sagesse. IdĂ©e de ESCORTE est de montrer que le vrai se situe au-delĂ  de l’apparence et qu’il est donc nĂ©cessaire tout individu qui veut trouver cette vĂ©ritĂ© de faire les efforts nĂ©cessaires afin de dĂ©passer le stade de l’opinion pour peu Ă  peu s’engager dans le voie de la connaissance et laisser apparaĂźtre la vĂ©ritĂ©. A l’époque de ESCORTE femme siĂšcle av. C, la poil Ă©tait considĂ©rĂ©e comme un savoir encyclopĂ©dique et elle Ă©tait donc d’un niveau supĂ©rieur Ă  toute autre forme de connaissance, y compris les maths. C’est POTAGÈRE qui a inventĂ© le mot philosophie et beaucoup de mathĂ©maticiens. De Ă©poque prĂ©fĂ©raient se prĂ©senter comme philosophe plutĂŽt que mathĂ©maticiens fa 3 mathĂ©maticiens. De Ă©popĂ©e prĂ©fĂ©raient se prĂ©senter comme philosophe plutĂŽt que mathĂ©maticiens afin d’acquĂ©rir une notoriĂ©tĂ©. DĂšs l’origine, on comprend donc l’importance de la recherche de cette vĂ©ritĂ© qui finalement permettrait Ă  l’homme de devenir un sage. Une Ă©cole philosophique opposĂ©e Ă  celle de ESCORTE va poser un sĂ©rieux problĂšme pour ce qui concerne la validitĂ© de cette vĂ©ritĂ©. AI s’agit des Sceptiques. Leur thĂšse est finalement simple selon eux quelque soit sa dĂ©marche, sa rigueur, sa Lomont, l’homme n’aura jamais la certitude d’avoir atteint un jugement vrai. Ils s’appuient sur une argumentation mettant en Ă©vidence une conclusion simple il faut suspendre son jugement. Selon eux, l’homme ne peut pas remonter Ă  la cause premiĂšre et par consĂ©quent toute rĂ©volution de sa connaissance ne peut pas s’appuyer sur une base solide, c’est ainsi que devant un mĂȘme problĂšme plusieurs approches sont possibles, et chaque approche gĂȘner une vĂ©ritĂ©. Ne pouvant pas choisir une vĂ©ritĂ© parmi les autres, le constat est simple l’homme ne pourra jamais connaĂźtre parce qu’une vĂ©ritable connaissance n’est validĂ©e que si elle est vraie. Le problĂšme soulevĂ© par les Sceptiques va accompagner l’ensemble de la rĂ©flexion durant des siĂšcles. Cependant, DESSERTES va rĂ©ussir Ă  montrer que les Sceptiques se sont trompĂ©s en utilisant une simple formule Je pense, donc je suis C’est le cogiter cartĂ©sien. Il montre 2 choses essentielles La vĂ©ritĂ© existe. En fĂ©e 4 cogiter cartĂ©sien. Il montre 2 choses essentielles La vĂ©ritĂ© existe. En effet, moi qui doute, moi qui pense, j’existe nĂ©cessairement les Sceptiques considĂ©raient aussi que la vĂ©ritĂ© existe mais pensaient qu’elle Ă©tait inaccessible Ă  l’homme Cette vĂ©ritĂ© est accessible Ă  l’homme. Il s’agit d’une vĂ©ritĂ© certaine donc indubitable. A partir de cette rĂ©flexion, DESSERTES va ouvrir la voie Ă  la connaissance donc Ă  la science et va Ă©laborer la physique cartĂ©sienne. On voit donc que le concept de vĂ©ritĂ© va Ă©voluer au cours de l’Histoire. Ainsi AKAN va considĂ©rer qu’il est nĂ©cessaire de rĂ©pondre aux Sceptiques la conception contienne est une rĂ©ponse aux Sceptiques. Il indique en effet que les Sceptiques posent un problĂšme fondamental mais qu’en mĂȘme temps les hommes ont nĂ©anmoins progresses dans leur connaissance de a nature et dans leur rĂ©flexion sur la valeur morale malgrĂ© leur incertitude de dĂ©velopper des jugements vrais. Avec DESSERTES, il y a passage de la notion de l’absolu Ă  la notion du relativisĂ©e. Ainsi la vĂ©ritĂ© n’est plus une certitude absolue qui ne dĂ©pendrait pas du jugement humain mais la vĂ©ritĂ© devient relative c’est-Ă - dire un jugement de la pensĂ©e humaine sur la rĂ©alitĂ©. NABAB A propos des notions de certitude absolue et de relativisĂ©e. Si on considĂšre la vĂ©ritĂ© en tant que telle, elle est Ă©videmment une certitude dans la mesure oĂč il serait absurde de croire qu’une rite serait plus ou moins vraie en effet une vĂ©ritĂ© qui n’est pas vraie n’en S de croire qu’une vĂ©ritĂ© serait plus ou moins vraie en effet une vĂ©ritĂ© qui n’est pas vraie n’en est pas une, c’est donc soit une erreur, soit un mensonge, soit une illusion. Étudions ce qu’il vient d’ĂȘtre dit et on va mieux comprendre la conception de AKAN. Ce n’est donc pas la vĂ©ritĂ© par elle- mĂȘme qui pose problĂšme mais c’est la capacitĂ© de la pensĂ©e humaine de dĂ©velopper ou pas un jugement vrai. Ce que AKAN veut dire ; est qu’il faut considĂ©rer que la vĂ©ritĂ© est bien un augmente et SI elle est relative ça ne signifie pas qu’elle soit peu prĂšs vraie » et si le mot relative » signifie soumise aux lois de la pensĂ©e humaine, ce que AKAN indique c’est que dans toutes les connaissances, donc dans leur validitĂ© pour qu’une connaissance soit valide, il faut qu’elle soit vraie, dans toutes les activitĂ©s, ce qui est premier ce n’est pas l’objet de connaissance, ce n’est pas l’objet susceptible d’entraĂźner une activitĂ© mais c’est la conscience humaine, c’est elle qui est premiĂšre. Elle dicte toutes les rĂ©fĂ©rences, les conditions susceptibles de dĂ©finir une connaissance vraie. En consĂ©quence, ce qui pose problĂšme ce n’est pas la vĂ©ritĂ© mais c’est le jugement qui dicte les conditions Ă  la vĂ©ritĂ© humaine. Ces ainsi qu’une thĂ©orie qui Ă©tait considĂ©rĂ©e comme vraie peut au cours des annĂ©es ou des siĂšcles non pas Ă©voluĂ©e mais peut ĂȘtre remplacĂ©e par une autre thĂ©orie tout simplement parce que les hommes ont compris qu’ils s’étaient trompĂ©s. Intellectuellement, il f tout simplement parce que les hommes ont compris qu’ils s’étaient trompĂ©s. Intellectuellement, il faut affirmer l’idĂ©e suivante qui peut apparaĂźtre comme un paradoxe mais qui en rĂ©alitĂ© ne l’est pas ne thĂ©orie quelle qu’elle soit suppose un protocole prĂ©cis, un ensemble de paramĂštres, une expĂ©rimentation et c’est ce protocole qui va Ă©tablir les vĂ©ritĂ©s, si bien que tout chercheur quel qu’il soit quelle que soit l’époque si il reproduit strictement le mĂȘme protocole aboutira au mĂȘme rĂ©sultat. D’oĂč le paradoxe apparent dans les annĂ©es qui suivent, on peut s’apercevoir que cette thĂ©orie pose problĂšme parce qu’il lui manque des paramĂštres, il sera donc nĂ©cessaire d’établir une autre thĂ©orie qui s’appuiera sur un autre protocole, de nouvelles expĂ©riences, une nouvelle expĂ©rimentation. Et cette deuxiĂšme thĂ©orie dĂ©finira ses propres vĂ©ritĂ©s. Intellectuellement et logiquement, on ne peut pas dire que la deuxiĂšme thĂ©orie vient confirmer ou affirmer la premiĂšre parce qu’il ne s’agit pas de la mĂȘme thĂ©orie, d’oĂč le relativisĂ©e poussĂ© Ă  son maximum la vĂ©ritĂ© est strictement liĂ©e Ă  un systĂšme, elle est relative Ă  ce systĂšme et ne peut donc pas ĂȘtre transfĂ©rĂ©e vers un autre systĂšme car cela n’aurait aucun sens. C’est une des rĂ©flexions majeures que l’on peut dĂ©veloppĂ© Ă  partir non pas seulement du relativisĂ©e de AKAN mais Ă  partir de la relativitĂ© d’linteau. C’est pour cela d’ailleurs que les mathĂ©matiques sont dĂ©clarĂ©es comme science exacte parce qu’elles dĂ©finissent d’ailleurs que les mathĂ©matiques sont dĂ©clarĂ©es comme science exacte parce qu’elles dĂ©finissent elles-mĂȘmes leur propre systĂšme on comprend donc l’intĂ©gration en maths des statistiques voire des probabilitĂ©s mais aussi du signe environ Ă©gal. Tout ceci montre la difficultĂ© de la pensĂ©e humaine Ă©laborer une vĂ©ritĂ© en tant que certitude absolue. Le relativisĂ©e de AKAN pose en rĂ©alitĂ© un problĂšme dans la mesure oĂč AKAN lui-mĂȘme garde la notion de vĂ©ritĂ© absolue est-Ă -dire de vĂ©ritĂ© qui ne dĂ©pendrait pas du jugement humain. Il parle ainsi d’objet absolu il appelle ça le nommĂ©e. Ce nommĂ©e peut ĂȘtre dĂ©fini comme l’objet tel qu’il est indĂ©pendamment de tout jugement. C’est BACHELIER qui va en application de la thĂ©orie de la relativitĂ©, pousser le relativisĂ©e Ă  son extrĂȘme l’objet Ă©tudiĂ© par la science n’est pas IndĂ©pendant de la science mais c’est l’objet scientifique tel qu’il est analysĂ©, expĂ©rimentĂ© par l’esprit scientifique lui-mĂȘme. En ce sens, ce qui est premier ce n’est pas l’objet, dans la mesure oĂč la science se contenterait d’aller vers ui mais c’est la science elle-mĂȘme, ses lois, ses investigations et c’est elle qui construit l’objet scientifique. D’oĂč la cĂ©lĂšbre formule de BACHELIER Rien n’est donnĂ©, tout se construit
 Lorsque l’esprit scientifique veut connaĂźtre il est dĂ©jĂ  trĂšs vieux parce qu’il a l’ñge de ses prĂ©jugĂ©s ». Si l’on veut maintenant rĂ©pondre au sujet initial Douter est-ce renoncer Ă  la vĂ©ritĂ©, il faudra donc 8 maintenant rĂ©pondre au sujet initial Douter est-ce renoncer Ă  la vĂ©ritĂ©, il faudra donc A partir des premiĂšres analyses donc de la prolĂ©tarisation Ă©laborer une problĂ©matique qui pourrait ĂȘtre douter est-ce nĂ©cessairement renoncer toute vĂ©ritĂ© ? ou Douter est-ce refuse la vĂ©ritĂ© ? La vĂ©ritĂ© est-elle une certitude ? Ha, Le doute est-il nĂ©cessairement nĂ©gatif ? A partir de cette problĂ©matique, Ă©laborer un plan soit progressif, soit dialectique Trouver les arguments et surtout les intĂ©grer dans telle ou telle partie du plan oĂč trouver ces arguments ? pour ce sujet, il est donc question de relire tout ce qui a Ă©tĂ© dit afin de puiser les idĂ©es qui serviront d’arguments -les Sceptiques, DISCRÈTES, AKAN- et surtout d’ĂȘtre n mesure d’abord de les classer et de les dĂ©velopper.

RenoncerĂ  la vĂ©ritĂ© c'est avoir conscience qu'il existe une vĂ©ritĂ© alternative capable de fragiliser l'Ă©quilibre imparfait sur lequel repose nos croyances/ vĂ©ritĂ©s/ convictions. Face Ă  l'ampleur de la menace qu'une vĂ©ritĂ© alternative reprĂ©sente, certains choisissent de protĂ©ger ce fragile Ă©quilibre tandis que d'autres, prĂȘts Ă  revoir leur systĂšme de valeur/ schĂ©ma de pensĂ©e
Douter, est-ce renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© ? En considĂ©rant le doute comme un Ă©tat de l’esprit correspondant Ă  la suspension d’un jugement et la vĂ©ritĂ© comme l’aboutissement de la connaissance fondĂ©e sur des critĂšres d’objectivitĂ© et d’absolu, pouvons-nous rĂ©ellement affirmer que douter n’est autre que renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© ? Car il semblerait que le doute, remettant en cause les fondements mĂȘmes de toute connaissance, anĂ©antisse l’accĂšs Ă  la vĂ©ritĂ© puisqu’aucune dĂ©finition universelle n’est reconnue pour vraie, et qu’aucun jugement n’est permis. Mais affirmer cela n’est ce pas donner au doute une forme trop catĂ©gorique ? N’y a-t-il pas une nuance Ă  Ă©tablir en fonction qu’il s’agisse d’un doute sceptique dans lequel le jugement est suspendu de façon dĂ©finitive ou d’un doute mĂ©thodique qui lui est lĂ  pour tenter d’établir une vĂ©ritĂ© en excluant toute connaissance douteuse, voire fiable afin de tendre vers la connaissance absolue ? De nouveau, la question de la vĂ©ritĂ© se pose, car n’est il pas dĂ©raisonnĂ© de ne douter qu’une fois et d’en conclure une vĂ©ritĂ© indubitable alors que la connaissance est fondĂ©e d’abstractions ? Comment avoir la certitude que tous les jugements incertains ont bien Ă©tĂ© pris en compte et exclus si l’homme ne remet pas en cause Ă  chaque instant cette vĂ©ritĂ© en doutant ? Le doute serait-il alors le moyen le plus probant de se rapprocher de la vĂ©ritĂ© la plus pure ? Nous verrons donc dans une premiĂšre partie, le doute s’apparentant au scepticisme qui, lui, tient pour subjective toute approche de la rĂ©alitĂ© et ainsi incertaine la connaissance que l’on peut en avoir. Douter c’est alors manifestement renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© car c’est une finalitĂ©. Dans une seconde partie nous aborderons la vision cartĂ©sienne selon laquelle le doute est un moyen de recherche de la vĂ©ritĂ©, la suspension du jugement n’est la que pour tenter d’atteindre des connaissances vraies. Puis dans une derniĂšre partie, nous prendrons appui sur la thĂ©orie dogmatique afin de mettre en Ă©vidence que toute vĂ©ritĂ© repose sur un travail constant de recherche et de remise en question dont la principale condition est le doute. En apprĂ©hendant la vĂ©ritĂ© comme une connaissance universelle et absolue de la rĂ©alitĂ© qui nous entoure, et en assimilant le doute a un Ă©tat de l’esprit oĂč le sujet ne peut choisir et suspend son jugement de façon dĂ©finitive, force est de constater que le doute et la vĂ©ritĂ© sont incompatible de par leur source mĂȘme. Douter peut se dĂ©finir comme une incapacitĂ© d’accĂšs Ă  la vĂ©ritĂ©. Lorsque l’on doute, on remet en cause les idĂ©es préétablies sans pouvoir apporter une conclusion autre. Si le doute s’installe chez l’homme, on peut Ă  priori le considĂ©rer comme un renoncement Ă  la connaissance vraie car le sujet se trouve dans l’impossibilitĂ© de fonder son jugement sur les critĂšres absolus et universels qu’il remet justement en cause. Le doute revĂȘt ici une acception bien particuliĂšre relevant du scepticisme. Ce courant de pensĂ©e rĂ©fute la possibilitĂ© pour l’homme de parvenir Ă  une quelconque certitude en ce qui concerne la rĂ©alitĂ© qui l’entoure. Les premiers sceptiques, Pyrrhon et Sextus Empiricus prĂŽnaient la thĂ©orie selon laquelle, ni par les sens, ni par la raison, nous ne pouvons avoir accĂšs Ă  la vĂ©ritĂ©. Tout d’abord car les sens sont trompeurs puisqu’ils portent sur l’accidentel et le particulier, et parce que la raison est capable de dĂ©montrer des propositions contraires Ă  tout argument s’oppose un argument Ă©gal » dit alors S. Empiricus dans Hypotyposes pyrrhoniennes. Il est Ă©galement important de nuancer cette thĂšse par l’approche plus modĂ©rĂ©e de Hume. Il part Ă©galement du principe selon lequel le rapport Ă  la rĂ©alitĂ© est subjectif car elle est perçue au moyen des sens. Le texte de Hume dans enquĂȘte sur l’entendement humain met cette perspective en Ă©vidence les sens sont seulement des guichets Ă  travers lesquels ces images sont introduites, sans qu’ils soient capables de produire un rapport immĂ©diat entre l’esprit et l’objet. » Notre connaissance du rĂ©el est donc bornĂ©e car on n’a aucun moyen de savoir si le monde est tel que nos impressions nous le restituent. L’homme a un point de vue qui est relatif, en aucun cas il ne saurait ĂȘtre neutre, et c’est pourquoi nous n’avons accĂšs qu’à la rĂ©alitĂ© pour nous et non Ă  la rĂ©alitĂ© en soi qui correspondrait Ă  une connaissance absolue du monde. Et puisque rien ne peut soustraire l’homme Ă  sa subjectivitĂ© et qu’il fonde sur la rĂ©alitĂ© externe et l’expĂ©rience ses critĂšres de connaissance, il est condamnĂ© Ă  cet aspect tronquĂ© de la rĂ©alitĂ©. Ainsi son rapport Ă  la rĂ©alitĂ© ne dĂ©passe pas la croyance, il ne la connait pas vĂ©ritablement. Le scepticisme est avant tout motivĂ© par la recherche de savoir mais rapidement paralysĂ© par l’impossibilitĂ© de conclure et d’arriver Ă  des certitudes. Il ne saurait rĂ©sister Ă  ce scepticisme que les mathĂ©matiques, outil de connaissance des vĂ©ritĂ©s formelles qui est indubitable car l’homme les a de toute piĂšce créées grĂące Ă  la raison. On doit analyser le doute sceptique comme une tentative de connaissance aboutissant Ă  un renoncement lorsqu’il s’agit de la rĂ©alitĂ©. C’est l’échec face Ă  cette connaissance qui mĂšne finalement au doute. Le renoncement Ă  la vĂ©ritĂ© qui rĂ©sulte de la suspension constante et dĂ©finitive du jugement n’est pas la finalitĂ© prĂ©fĂ©rable Ă  une quĂȘte philosophique. Il semble donc nĂ©cessaire d’aborder une autre forme de doute. Douter de tout n’est pas nĂ©cessairement un renoncement Ă  la vĂ©ritĂ©, ça peut ĂȘtre au contraire une mĂ©thode consciencieuse permettant de conclure Ă  une vĂ©ritĂ© indubitable. Il s’agit ici de considĂ©rer le doute comme un moyen de connaissance vraie et non comme une fin en soi comme pour les sceptiques. C’est Ă©galement considĂ©rer la vĂ©ritĂ© comme ce qui demeure absolu et irrĂ©futable face Ă  toute forme de doute. Ce doute cartĂ©sien, mis en Ɠuvre dans Discours de la mĂ©thode est donc hyperbolique puisque Descartes va jusqu’à rejeter comme fausse les vĂ©ritĂ©s mathĂ©matiques. Il s’agit de douter de tous les principes de la connaissance, et en particulier les sciences universelles car il faut se dĂ©barrasser de toutes ces anciennes opinions qu’elles soient vraies ou fausses. Il opĂšre un doute systĂ©matique et mĂ©thodologique, dont le premier objet est les sens. Ceux la reprĂ©sentant inĂ©luctablement le moyen de connaissance le plus incertain. ConsidĂ©rĂ©s alors comme douteux, ils passent du cĂŽtĂ© du faux. Descartes s’attĂšle ensuite Ă  faire tomber ce qui semble ĂȘtre la connaissance la plus fiable, les dĂ©monstrations mathĂ©matiques en partant du principe que des erreurs sont possibles dans les raisonnements mathĂ©matiques. TroisiĂšmement, il s’agit de mettre en Ă©vidence le fait que les pensĂ©es du rĂȘve semblent aussi vraies que celles que j’ai en vrai. Cela pourrait laisser penser que la rĂ©alitĂ© est elle aussi une illusion. Ces objections reprisent des sceptiques et poussĂ©es Ă  l’extrĂȘme semblent d’abord soutenir la thĂšse des sceptique selon laquelle il n’y pas de vĂ©ritĂ© dont on soit certain, puis l’hypothĂšse prend une toute autre forme je pense donc je suis ». Ainsi le fait mĂȘme de douter et de penser constitue l’argument indubitable attestant que le fondement de nos connaissances est la pensĂ©e et particuliĂšrement que toute argumentation passe par la conscience d’ĂȘtre. Tout tient Ă  une expĂ©rience de conscience et de pensĂ©e car derriĂšre la remise en doute la plus radicale, demeure un sujet pour effectuer l’opĂ©ration psychique. Ce doute mĂ©thodologique appuie ici une vĂ©ritĂ© indubitable l’homme est certain d’exister comme un ĂȘtre conscient. Voila tout l’enjeu de ce doute qui est provisoire et non dĂ©finitif Ă  l’inverse des sceptiques. Ce doute met en jeu la rĂ©flexion nĂ©cessaire Ă  toute quĂȘte de vĂ©ritĂ© et permet le rejet des opinions et connaissances incertaines. Le fondement de ma connaissance transcende ainsi les croyances que le doute sceptique met en avant sans pour autant les pallier. En effet alors que les croyances admettent pour vrai une affirmation sans preuve ni raison, le doute mĂ©thodologique rejette tout ce qui est incertain pour tendre Ă  une plus grande vĂ©ritĂ©. C’est donc une opĂ©ration de la pensĂ©e nĂ©cessaire pour avoir un jugement fondĂ©. Mais encore une fois, ce doute qui aboutit Ă  des connaissances au plus prĂšs de la vĂ©ritĂ©, n’est valable que le temps de l’opĂ©ration psychique et la vĂ©ritĂ© qui en ressort considĂ©rĂ©e comme acquise. Or, le doute doit ĂȘtre perpĂ©tuellement renouvelĂ©, car plus on doute, plus on se rapproche de la vĂ©ritĂ©. Ayant maintenant dĂ©montrĂ© que le doute est indispensable Ă  une pensĂ©e structurĂ©e et fondĂ©e sur des connaissances vraies, il s’agit de prolonger ces analyses en affirmant que douter c’est se rapprocher au plus prĂšs de l’universel et de l’absolu. Le doute ne doit pas ĂȘtre abandonnĂ© sitĂŽt que l’on a trouvĂ© ce que l’on cherchait, il doit ĂȘtre sans cesse dans chacune de nos rĂ©flexions, il doit ĂȘtre nourri pour dĂ©velopper notre esprit critique. Agir ainsi, c’est considĂ©rer la vĂ©ritĂ© comme complexe. Sa quĂȘte ne peut ĂȘtre menĂ©e qu’en confrontant les opinions entre elles, afin de faire Ă©voluer notre pensĂ©e et pouvoir ainsi considĂ©rer les choses sous des perspectives nouvelles, tendre Ă  une objectivitĂ©. Il est intĂ©ressant ici d’exposer la thĂ©orie dogmatique en totale opposition avec le doute sceptique Ă©voquĂ© plus haut. Ce courant de pensĂ©e est animĂ© par la conviction inĂ©branlable de possĂ©der la vĂ©ritĂ©, et de cela dĂ©coule le rejet de ceux qui pensent diffĂ©remment. On parle par exemple du dogme de la TrinitĂ© » chez les chrĂ©tiens. Les adeptes croient et acceptent sans discuter la doctrine qu’il propose. Cette conviction est Ă©videmment bien loin de la considĂ©ration du doute comme outil nĂ©cessaire Ă  la connaissance que nous Ă©voquions prĂ©cĂ©demment. Or, comme Platon l’explique dans La caverne de par la mĂ©taphore des prisonniers qui vivent dans une illusion complĂšte Ă  cause du soleil et des ombres, connaitre c’est s’arracher Ă  nos croyances, nos opinions subjectives. Pour atteindre le vrai, on doit user de la raison car c’est la seule Ă  nous faire accĂ©der Ă  des connaissances universelles et absolues. L’intĂ©rĂȘt de l’approche dogmatique Ă  ce stade du dĂ©veloppement n’est pas seulement dans l’opposition des thĂ©ories marquant l’intĂ©rĂȘt du doute ; cette approche nous permet de comprendre que le doute ne doit pas ĂȘtre une finalitĂ© Ă  la maniĂšre des sceptiques ni un moyen que l’on abandonne dĂšs lors que l’on a trouvĂ© la vĂ©ritĂ© comme Descartes l’affirme Le doute doit ĂȘtre un travail constant de l’esprit dans sa quĂȘte du savoir. Si la pensĂ©e se fige sur une connaissance qu’elle considĂšre vraie indĂ©finiment, c’est alors Ă  ce moment lĂ  que l’on dĂ©rive sur le dogmatisme. Le doute mĂ©thodique peut, s’il n’est pas renouvelĂ©, dĂ©boucher finalement sur une forme de dogme que l’on s’impose Ă  soi-mĂȘme, prĂŽnant pour vrais des arguments qui ne sont plus jamais remis en cause. Une pensĂ©e figĂ©e est une pensĂ©e qui part de connaissances vraies mais qui perd sa nuance au fil du temps, finissant par stigmatiser la rĂ©alitĂ©. Le doute acquiĂšre ici une valeur trĂšs particuliĂšre, il est la consĂ©quence de la thĂ©orie selon laquelle la vĂ©ritĂ© indubitable ne peut ĂȘtre connue avec exactitude. Douter, est une action dĂ©terminante dans le cheminement menant Ă  la connaissance, car finalement plus on remet en cause ce que l’on pourrait appeler des arguments prĂ©supposĂ©s, plus on se rapproche de la vĂ©ritĂ© la plus pure. Douter inlassablement c’est tendre au plus prĂšs Ă  la connaissance vraie car c’est un processus de dĂ©finition constant de la rĂ©alitĂ© ; on part d’arguments tous divergents et particuliers, puis le doute exclue peu Ă  peu ceux qui sont incertains et mĂȘme fiables pour rechercher l’absolu. Toutes les connaissances doivent ĂȘtre le fruit de cette remise en question permanente. Ainsi, douter c’est renoncer Ă  l’idĂ©e que l’on peut atteindre une fois pour toutes une vĂ©ritĂ© indubitable, mais c’est Ă  la fois l’opĂ©ration de l’esprit qui rend l’homme le plus Ă  mĂȘme de s’en rapprocher. Il faut considĂ©rer le doute moins comme une finalitĂ©, comme le font les sceptiques, que comme le seul processus, la seule opĂ©ration de l’esprit permettant la recherche mĂȘme de la vĂ©ritĂ©. Assimiler le doute Ă  un acte de suspension dĂ©finitive du jugement c’est renoncer Ă  toute philosophie et toute vĂ©ritĂ©. Il est donc nĂ©cessaire d’accorder au doute cette capacitĂ© de rejet des opinions et des connaissances incertaines qui permet par la suite de dĂ©velopper un esprit d’examen du monde qui nous entoure ; il ne faut nĂ©anmoins pas considĂ©rer la pensĂ©e qui en rĂ©sulte comme absolue car la vĂ©ritĂ© est complexe et sa remise en cause constante et mĂ©thodique est la façon la plus probante de tendre Ă  une vĂ©ritĂ© pure. Cette vĂ©ritĂ© est insaisissable et la considĂ©ration inĂ©branlable de la possĂ©der Ă  la façon des dogmatique n’a d’autre effet que de s’en Ă©loigner tout autant. Le doute est ainsi la condition de la vĂ©ritĂ©.
Cest donc l’histoire de la lente construction du savoir, de la patiente appropriation de la vĂ©ritĂ© et ce, depuis Descartes, en utilisant prĂ©cisĂ©ment le doute comme outil. Ainsi, on peut lĂ©gitimement se demander si douter, ce soit nĂ©cessairement renoncer Ă  la vĂ©ritĂ©.

Restitution du dĂ©bat – CafĂ©-philo de Chevilly-Larue 22 janvier 2011 ThĂ©o van Rysselberge. La lecture. 1903 Animateurs Guy Pannetier – Danielle Vautrin – Guy Philippon Introduction France Laruelle. ModĂ©rateur AndrĂ© Sergent. ThĂ©o van Rysselberghe. 1903. Introduction Chacun d’entre nous interprĂšte constamment, au point qu’on peut dire qu’on est en train d’interprĂ©ter et que c’est une maniĂšre ordinaire et fondamentale d’ĂȘtre. InterprĂ©ter le rĂ©el, c’est la maniĂšre la plus banale de s’y rapporter. Je prendrai pour exemple quelque chose de trĂšs courant en regardant le ciel pour essayer de deviner le temps qu’il va faire, on interprĂšte l’état du ciel. InterprĂ©ter, c’est donner une signification Ă  un phĂ©nomĂšne rĂ©el ou imaginaire, quel qu’il soit, c’est un des moments fondamentaux de la comprĂ©hension. Toute communication implique et suppose la facultĂ© de savoir donner un sens aux mots, aux choses, aux signes, aux situations. InterprĂ©ter, c’est donc d’abord comprendre et Ă©ventuellement expliquer ce qu’il y a d’obscur et/ou d’ambigu, dans un Ă©crit, une loi, une action, un comportement. Le danger de l’interprĂ©tation, c’est le risque de perdre le sens original du sujet en lui donnant une autre signification pouvant aboutir Ă  des malentendus, voire mĂȘme Ă  des catastrophes. En latin, le mot traduit par interprĂšte » dĂ©signe un mĂ©diateur, un intermĂ©diaire, un agent entre deux parties, puis par extension, celui qui explique, le traducteur. Au théùtre, c’est tenir un rĂŽle en restituant le mieux possible les intentions de l’auteur et du metteur en scĂšne. En musique, c’est jouer une piĂšce musicale en tentant de susciter une Ă©motion en respectant l’Ɠuvre. Par exemple, Glenn Gould a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme interprĂšte de gĂ©nie en jouant Ă  sa façon des morceaux de grands compositeurs. Comme en musique, le commentateur d’une Ɠuvre d’art, que ce soit en peinture, en architecture
, s’exprime non seulement en fonction de ses connaissances rĂ©elles, mais aussi en faisant intervenir plus ou moins malgrĂ© lui ses sentiments personnels ; on peut dire qu’il interprĂšte l’Ɠuvre Ă  travers ses Ă©motions. On a encore affaire Ă  l’interprĂ©tation lorsqu’il s’agit de prĂ©ciser la signification d’un texte. Lorsque celui-ci est considĂ©rĂ© comme sacrĂ©, l’interprĂ©tation de son sens se nomme exĂ©gĂšse et celui qui conduit l’explication est l’exĂ©gĂšte. L’interprĂ©tation est Ă©galement prĂ©sente dans le langage des signes et l’on comprend l’absolue nĂ©cessitĂ© du geste pur. Le savant se doit d’interprĂ©ter les phĂ©nomĂšnes qu’il observe ou qu’il provoque dans le cadre de l’expĂ©rience scientifique. Le sociologue interprĂšte des donnĂ©es statistiques reflĂ©tant une pratique sociale. Le psychologue interprĂšte des pensĂ©es, des comportements. Le journaliste interprĂšte partiellement l’information quand il exprime ses sentiments personnels sur un Ă©vĂšnement ; il quitte lĂ , son rĂŽle d’informateur pour celui de commentateur. On comprend qu’interprĂ©ter n’est pas une activitĂ© rĂ©servĂ©e aux spĂ©cialistes. Chacun de nous a le devoir de comprendre ce qu’il lit, ce qu’il entend, ce qu’il voit, pour s’exprimer, afin de limiter ou d’éviter les risques d’une mauvaise interprĂ©tation. Donc, on a vu que l’interprĂ©tation Ă©tait par dĂ©finition plurielle, qu’elle entraĂźnait de multiples questions. Pour ma part, quand j’ai prĂ©parĂ© ce sujet, je m’en suis posĂ© quelques-unes Qu’est-ce qui peut ĂȘtre interprĂ©tĂ© ? Pourquoi a-t-on besoin de donner du sens ? Qu’est-ce qu’une bonne ou une mauvaise interprĂ©tation ? Faut-il se mĂ©fier de la multiplicitĂ© de l’interprĂ©tation ? Faut-il favoriser la libertĂ© de l’information ? Je termine avec cette citation de Jacques Lacan L’interprĂ©tation n’a pas plus Ă  ĂȘtre vraie que fausse, elle a Ă  ĂȘtre juste ». DĂ©bat G Pour illustrer le thĂšme de ce dĂ©bat, je voudrais partir de quelques expĂ©riences personnelles. Quand j’étais dans l’association Amnesty International, lors des congrĂšs, nous avions des interprĂštes qui nous restituaient les discours en anglais par la traduction simultanĂ©e. Je comprenais, mais je mettais l’oreillette ; pour moi, il Ă©tait extrĂȘmement important que l’interprĂšte traduise au plus prĂšs de ce qui avait Ă©tĂ© dit. Ce qui comptait pour moi c’était sa fidĂ©litĂ© Ă  la parole de l’orateur. Un jour, je parlais Ă  mon beau-frĂšre, qui est bassoniste professionnel. Il me disait Un bon musicien est celui qui interprĂšte le plus fidĂšlement possible la partition telle qu’elle a Ă©tĂ© Ă©crite par le compositeur. Le musicien lui n’invente rien. Sinon, ce n’est pas un musicien, mais un compositeur. Son interprĂ©tation est au service de la musique. J’aime Ă©couter Glenn Gould dans les sonates de Haydn, mais Glenn Gould fait du Glenn Gould, pas du Haydn; il n’est pas seulement un musicien, mais un crĂ©ateur. Il personnalise. Par ailleurs, pour ce qui concerne la transmission historique, il me semble que l’interprĂ©tation de l’historien doit se faire au plus prĂšs des faits, des tĂ©moignages, des documents d’archives et des Ă©tudes qui ont prĂ©cĂ©dĂ© ; elle doit restituer au mieux la vĂ©ritĂ©. Si l’on reconstruit l’histoire Ă  sa maniĂšre, on n’est plus un historien, mais un politique ou un rĂ©visionniste ». L’historien doit, Ă  mon avis, comme l’interprĂšte ou le musicien, s’effacer pour laisser toute la place Ă  son sujet. Il a quelque chose Ă  transmettre, ce qui rend humble au niveau de l’égo. De mĂȘme pour le journaliste. Pour moi, un bon journaliste ne donne pas son avis, mais essaie de retransmettre l’information au plus prĂšs de la vĂ©ritĂ©, ce qui demande un travail d’investigation et d’enquĂȘte et pas seulement un avis personnel. Il me semble que le thĂšme de ce cafĂ©-philo pose la question de la vĂ©ritĂ©, de la subjectivitĂ© et de l’objectivitĂ©. On sait que l’objectivitĂ© totale est impossible et que la composante personnelle de l’individu entre toujours un peu en ligne de compte dans tout ce qu’il fait, mais il me parait important d’essayer d’y tendre et d’ĂȘtre le moins subjectif possible, sauf dans la crĂ©ativitĂ© et quand on ne parle qu’en son nom. A travers ces exemples, vous aurez compris que j’attends de l’interprĂ©tation qu’elle ne fausse pas la vĂ©ritĂ©, mais qu’elle la serve et que le but de l’interprĂšte n’est pas de se mettre en avant, mais de mettre en valeur son sujet avec le moins de parti pris possible. Il est clair que dans la crĂ©ation, on est dans une autre perspective, mais l’on n’est plus dans l’interprĂ©tation. G Je retiens de l’introduction Toujours essayer de privilĂ©gier le sens original » ; mais quelquefois, prĂ©tendre dĂ©tenir quel fut le rĂ©el sens original, paraĂźt ĂȘtre une gageure. On a Ă©galement Ă©voquĂ© l’interprĂ©tation de l’histoire et de restituer au mieux la vĂ©ritĂ© ». On peut rappeler qu’on n’écrit toujours que l’histoire des vainqueurs et on réécrit sur les premiers documents existants, donc rarement Ă  partir de sources variĂ©es pour une re-vision » Notre approche philosophique nous amĂšne Ă  un certain recul quant au concept de la vĂ©ritĂ©. BientĂŽt en mars 2011, notre dĂ©bat portera sur le courant des Sceptiques, en se dĂ©fiant toutefois du relativisme ». G Effectivement, cette question Est-ce qu’il existe une vĂ©ritĂ© ? » reste primordiale. Si l’on reprend la question initiale InterprĂ©ter, est-ce fausser la vĂ©ritĂ© ? », c’est qu’on a admis d’emblĂ©e qu’il existait une vĂ©ritĂ© ». En fonction de l’angle d’approche, l’histoire est diffĂ©rente ; de fait, il y a parfois plusieurs vĂ©ritĂ©s. Paul ValĂ©ry, dans ses vers, privilĂ©gie la forme sur le sens. Ainsi, dans trois vers de La jeune Parque, il nous laisse le choix de notre vĂ©ritĂ© [
] / Cette main, sur mes traits qu’elle rĂȘve d’effleurer, / Distraitement docile Ă  quelque fin profonde, / Attend de ma faiblesse une larme qui fonde, / [
] ». Qui a compris que fonde » signifiait que la larme fond, ou qu’une larme fonde, soit fondatrice » ? Mes vers, dit-il, ont le sens qu’on leur prĂȘte. G Lorsqu’on regarde dans un dictionnaire, une des premiĂšres dĂ©finitions d’interprĂ©ter nous renvoie au rĂȘve, oĂč il n’existe pas de vĂ©ritĂ©. Dans interprĂ©ter, on est l’intermĂ©diaire entre quelque chose et celui Ă  qui on veut transmettre. On peut interprĂ©ter aussi pour soi-mĂȘme. Il y a des domaines, comme la loi, par exemple, oĂč pour le spĂ©cialiste, c’est clair, mais pas pour les profanes ; il faut interprĂ©ter, rendre accessible, vulgariser. Dans l’interprĂ©tation, que mettons-nous de nous-mĂȘmes ? Comment rester le plus neutre possible, coller au plus prĂšs. Plus le sujet au dĂ©part est flou, plus il ouvre la porte Ă  de possibles interprĂ©tations toujours ces possibles vĂ©ritĂ©s. Pour un texte Ă©crit, on parle de traducteur, oralement, on parle d’interprĂšte. Est-ce que l’oral serait moins fiable que l’écrit ? D’une langue Ă  une autre, comment ĂȘtre totalement fidĂšle ? Cela rĂ©clame du traducteur, de l’interprĂšte, une certaine Ă©thique. G Dans interprĂ©ter », j’entends inter » et prĂȘter » La deuxiĂšme partie du mot nous dit qu’on prĂȘte » dans une lecture une intention, une traduction, une couleur, un sens. Donc, il y a des nuances entre lire et interprĂ©ter, interprĂ©ter et voir, interprĂ©ter et comprendre. Ce que je dis moi de la chose n’est pas ce qui est la chose. G Je ne suis pas trop d’accord avec l’expression Il y a plusieurs vĂ©ritĂ©s ». Non, il y a gĂ©nĂ©ralement une vĂ©ritĂ© et plusieurs interprĂ©tations ; la vĂ©ritĂ© existe, mais on ne peut l’approcher qu’à travers des interprĂ©tations. L’important, c’est de savoir comment on va l’apprĂ©hender, la percevoir, la comprendre. On ne peut pas confondre les versions de la vĂ©ritĂ© et la vĂ©ritĂ©. Quand c’est un Ă©metteur qui transmet, ce qu’il a vu Ă  travers son prisme dĂ©formant, ça n’a rien Ă  voir avec l’évĂšnement lui-mĂȘme. On doit tenir compte de tous les tĂ©moignages pour qu’on arrive Ă  approcher un peu la vĂ©ritĂ©. G On a dit que l’interprĂšte, le musicien, devaient s’effacer devant l’Ɠuvre, ĂȘtre au plus prĂšs. C’est une erreur. Si c’était ça, on n’aurait jamais eu MoliĂšre, La Fontaine, La BruyĂšre, parce qu’ils ont adaptĂ©, fait du nouveau, fait quelque chose de fantastique. Dans une soirĂ©e oĂč il y a avait un orchestre tzigane et un orchestre yiddish, Ă  la fin, chacun a jouĂ© un morceau avec l’autre, cela a Ă©tĂ© gĂ©nial ! On peut faire quelque chose de plus grand. C’est de l’adaptation. Quand on adapte une piĂšce du théùtre anglais, on n’est pas au plus prĂšs. La fidĂ©litĂ© totale au modĂšle original n’est pas obligatoire. G InterprĂ©ter peut donner une nouvelle vĂ©ritĂ© Ă  une Ɠuvre, une vĂ©ritĂ© que l’auteur n’avait pas vue, une autre dimension. G InterprĂ©ter en donnant une nouvelle dimension n’est pas un mensonge en soi. C’est quelque chose qui est autorisĂ© dans les arts, on parle de licence poĂ©tique ou littĂ©raire. L’art ce beau mensonge permet de crĂ©er d’autres vĂ©ritĂ©s. G J’ai vu il y a quelques annĂ©es Le cercle de craie caucasien » de Bertolt Brecht. Depuis, j’ai achetĂ© l’Ɠuvre, le livre officiel, et je n’ai pas retrouvĂ© la poĂ©sie qui m’avait alors enthousiasmĂ©e. Alors, c’est vrai qu’interprĂ©ter n’est pas traduire et que lire est diffĂ©rent d’entendre jouer. G Il y a toujours des vĂ©ritĂ©s provisoires, elles ne sont pas forcĂ©ment pour neuf milliards d’ĂȘtres humains, mais assez suffisantes pour un moment de vĂ©ritĂ© de quelques-uns. G Outre l’interprĂ©tation des rĂȘves, des propos, d’un texte, nous interprĂ©tons aussi un discours, une image, un regard, un geste. On interprĂšte mĂȘme le silence ! Nous savons qu’interprĂ©tation n’est pas explication ; celle-ci Ă©voque la cause, alors qu’interprĂ©ter serait donner le sens. Le sens ne peut ĂȘtre l’explication de la cause. Pour qu’une interprĂ©tation soit garantie comme fidĂšle Ă  cent pour cent, il faudrait rĂ©unir bien des Ă©lĂ©ments. D’abord, mettre tous le mĂȘme sens sous les mĂȘmes mots, cela n’existe pas. Que nous soyons totalement dĂ©tachĂ©s de nos opinions et croyances, qui sont le fond de notre individualitĂ©, cela ne paraĂźt pas possible non plus. Il faudrait Ă©galement que celui qui est le rĂ©cepteur de l’interprĂ©tation ait la mĂȘme grille de lecture que l’émetteur, qu’il soit inaccessible Ă  toute subjectivitĂ©. A partir de lĂ , mĂȘme avec la meilleure volontĂ©, comment interprĂ©ter sans que quelqu’un pense que la vĂ©ritĂ© est faussĂ©e ? Une interprĂ©tation peut ĂȘtre volontairement arrangĂ©e, adaptĂ©e, reformulĂ©e, orientĂ©e, pour des buts de prise de pouvoir, de propagande, d’embrigadement, de prosĂ©lytisme. Cela peut correspondre Ă  un engagement personnel de l’émetteur. Et lĂ , parfois, la personne sait, connaĂźt l’explication plus que le sens et adapte son propos Ă  la finalitĂ©. C’est ce qu’on appelle l’argument couchĂ© sur le lit de Procuste* », autrement dit, une argumentation que l’on fait rentrer de force dans le moule de ce que l’on croit dur comme fer. C’est alors argumenter plus qu’interprĂ©ter, c’est mouliner, raboter, orienter un propos. L’idĂ©aliste interprĂšte parfois en allant au delĂ  du simple rĂ©el, l’idĂ©ologue limite et enferme son interprĂ©tation dans son idĂ©ologie, dans son dogme, dans sa » vĂ©ritĂ© Donnez-moi seulement vos dogmes, je me charge des preuves ! », a dit Chrysippe Ă  ClĂ©anthe. L’idĂ©aliste et l’idĂ©ologue, l’un comme l’autre, s’ils agissent en toute sincĂ©ritĂ©, ne peuvent ĂȘtre taxĂ©s de fausser volontairement la vĂ©ritĂ©. Pour que la vĂ©ritĂ© soit faussĂ©e, il faut qu’il y ait intentionnalitĂ©. Nos propos nous rĂ©vĂšlent et, malgrĂ© nous, notre inconscient participe Ă  la construction des idĂ©es. Quand je vous parle, je ne suis pas neutre, mĂȘme si je ne n’ai nullement l’intention de tromper, de subjuguer, d’influencer. Toujours, mes orientations, mes goĂ»ts, croyance ou non croyance, tout mon acquis, sont lĂ , prĂ©sent dans mon propos. Souvent, comme le dit AndrĂ© Gide dans Les faux-monnayeurs [
] nous tentons d’imposer au monde extĂ©rieur notre interprĂ©tation particuliĂšre [
] ». Mais, d’autre part, le langage totalement vidĂ© de tout sentiment personnel, de toute opinion est un langage neutre, aseptisĂ©. C’est tout juste bon pour les catalogues, les modes d’emploi, pour une documentation technique. * Mythologie grecque Procuste n’avait qu’un lit pour ses hĂŽtes. Si ces derniers Ă©taient trop grands, il coupait un peu » les pieds, les jambes ; dans l’autre cas, il Ă©tirait. G Je ne pense pas qu’on puisse comparer une vĂ©ritĂ© scientifique Ă  une vĂ©ritĂ© historique ou toute autre vĂ©ritĂ©. Est-ce qu’il y aurait une vĂ©ritĂ© prĂ©existant Ă  l’ĂȘtre humain ? Pour Saint Augustin, au moyen-Ăąge, c’était Dieu. On a dit qu’on peut amener d’autres Ă©lĂ©ments Ă  son analyse et aboutir Ă  une vĂ©ritĂ©. Est-ce que la vĂ©ritĂ© n’apparaĂźt pas Ă  travers le discours de l’homme qui la fonde ? Je pense au mythe de la caverne. L’homme dans la caverne n’a accĂšs qu’à trĂšs peu de stimulations, trĂšs peu d’élĂ©ments, et pourtant, il a sa vĂ©ritĂ© ». A mesure qu’il ira vers la lumiĂšre, il va se rapprocher d’une vĂ©ritĂ© intelligible, non pas Dieu comme au moyen-Ăąge, mais le cosmos. Les vĂ©ritĂ©s sont multiples, et, si l’on pouvait les regrouper, on dirait la vĂ©ritĂ© ». La vĂ©ritĂ©, c’est ce qui nous apparaĂźt et cela change au fur et Ă  mesure que nous grandissons ; elle est aussi le fruit de nos expĂ©riences. Parler de la vĂ©ritĂ© », n’est-ce pas une simplification ? G Est-ce que du moment oĂč il y a l’homme qui apporte sa vĂ©ritĂ©, son interprĂ©tation, il y a Ă©ventuelle dĂ©formation. Chacun perçoit en fonction de sa vie, son histoire. Lorsque je lis un livre, ce que je dĂ©couvre, ce que j’imagine n’est pas ce qu’un autre va voir. G Entre l’émetteur et le rĂ©cepteur, deux interprĂ©tations Comment l’entendez-vous ? » G Je n’ai pas pu relier directement l’interprĂ©tation Ă  la vĂ©ritĂ©. On ne dĂ©tient pas de vĂ©ritĂ© absolue, c’est ensemble qu’on peut tenter de crĂ©er une vĂ©ritĂ©, dans nos rapports sociaux, dans notre culture. G On peut opter pour la libertĂ© d’interprĂ©tation, c’est ce qui semble le mieux correspondre Ă  des Ɠuvres culturelles. Cela suppose que l’interprĂšte ait du talent pour voir l’Ɠuvre sous un nouveau jour. Donc, mĂȘme le critique doit prendre ses distances vis-Ă -vis des Ă©ditions antĂ©rieures, des interprĂ©tations antĂ©rieures, et celle qui vient d’ĂȘtre interprĂ©tĂ©e D’autre part, interprĂ©ter, pour moi, c’est donner du sens et Nietzsche a utilisĂ© plein d’aphorismes obscurs pour obliger Ă  chercher du sens, pour nous contraindre Ă  rĂ©flĂ©chir, pour chercher notre vĂ©ritĂ©. C’est Ă  nous humains, dotĂ©s d’un cerveau, d’une intelligence, de donner du sens, d’interprĂ©ter. G Je suis convaincue que pas un homme ne dĂ©tient la vĂ©ritĂ©, qui n’appartient Ă  personne, et qu’elle est bien au-delĂ  d’une interprĂ©tation singuliĂšre. C’est pourquoi il faut confronter beaucoup de points de vue pour approcher un petit peu la vĂ©ritĂ©. C’est un travail collectif. Il a Ă©tĂ© dit que l’interprĂ©tation peut se faire au-delĂ  du rĂ©el. Mais qu’est-ce que la rĂ©alitĂ© ? Si c’est quelque chose de concret, c’est un petit aspect de la rĂ©alitĂ© rĂ©duit au monde phĂ©nomĂ©nologique. Mais ce qui est beaucoup plus difficile Ă  interprĂ©ter, c’est ce qui ne relĂšve pas du concret, du matĂ©riel, mais d’une autre rĂ©alitĂ©, psychoaffective, intellectuelle ou spirituelle, par exemple. Dans un prĂ©cĂ©dent cafĂ©-philo, on a effleurĂ© la dimension mĂ©taphysique, ce qui dĂ©passe l’interprĂ©tation singuliĂšre. G Une annĂ©e, il y a eu quatre versions de Cyrano de Bergerac par quatre compagnies diffĂ©rentes. J’ai vu quatre piĂšces diffĂ©rentes Ă  partir d’un mĂȘme texte. Si une soprano fait une bonne interprĂ©tation, alors, il faut qu’elle soit la derniĂšre. Une seule et c’est fini ! G Mais ces quatre interprĂ©tations de Cyrano Ă©taient quatre versions Ă  partir d’un seul Cyrano original, celui d’Edmond Rostand, qui en est l’auteur, le crĂ©ateur. Le reste n’est qu’interprĂ©tations, qui peuvent plus ou moins servir la piĂšce authentique, lui ĂȘtre plus ou moins fidĂšle. G Il y a des arts qui sont prĂ©cis, qui ne laissent que peu de place Ă  une interprĂ©tation personnelle, et d’autres trĂšs libres comme le jazz. En classique, l’Ɠuvre est Ă©crite de A Ă  Z, mais c’est trĂšs difficile d’arriver Ă  exprimer ce qu’a voulu faire le compositeur quand il a Ă©crit l’Ɠuvre. Donc les diffĂ©rentes interprĂ©tations en classique peuvent ĂȘtre volontĂ© d’apprĂ©hender la vĂ©ritĂ© de l’instant du crĂ©ateur et de tendre vers la version originale. Et, il a aussi des interprĂštes, qui, comme disait Arthur Rubinstein, considĂšrent que l’Ɠuvre n’est lĂ  que pour les aider Ă  prouver leur virtuositĂ© » et qui personnalisent. G L’Ɠuvre n’existe que par l’interprĂšte, les interprĂštes sont des co-auteurs, sans eux elle reste dans l’anonymat. Ce n’est donc pas fausser les vĂ©ritĂ©s, mais les rendre vraies ». En outre, plutĂŽt qu’interprĂ©ter Ă  sa façon, il y a parfois une valeur pĂ©dagogique pour faire connaĂźtre, participer Ă  la diffusion, ĂȘtre une sorte de passeur, dans la façon dont nous interprĂ©tons et nous transmettons. G Revenant Ă  la question initiale, Ă  l’énoncĂ©, je ne vois pas pourquoi le fait d’interprĂ©ter, de faire une interprĂ©tation, a une connotation pĂ©jorative. Pour moi c’est seulement donner du sens. G La maniĂšre dont le monde extĂ©rieur s’impose Ă  nous, et dont nous tentons d’imposer au monde extĂ©rieur notre interprĂ©tation particuliĂšre, est le drame de notre vie ». AndrĂ© Gide, Les faux monnayeurs, dĂ©jĂ  citĂ©. A chaque interprĂ©tation que nous faisons, nous sommes en Ă©quilibre instable. De la mĂȘme maniĂšre que, quand nous sommes lecteurs, nous sommes des Ă©crivains nous-mĂȘmes ; quand nous Ă©tudions un livre en commun, aucun de nous n’a la mĂȘme lecture et nous entendons avec plaisir ce que les autres ont dĂ©couvert; c’est lĂ  l’intĂ©rĂȘt du passage de la pratique solitaire Ă  la pratique solidaire. G Quand on fait de la traduction pour les sourds par le langage des signes et qu’on est confrontĂ© Ă  des mots en dehors du vocabulaire courant des malentendants, il faut trouver, voire inventer le langage gestuel qui ne trahit pas la vĂ©ritĂ©. Le visage ne doit rien montrer pour ne pas trahir le geste. L’interprĂšte est un intermĂ©diaire entre deux mondes. Le vocabulaire de l’entendant est plus Ă©laborĂ© ; la simultanĂ©itĂ© est difficile. G Le poĂšme de Florence InterprĂ©ter, est-ce fausser la vĂ©ritĂ© ? Pantoum Bonjour je suis la vĂ©ritĂ© En fait, je cherche un interprĂšte Je suis nue, mon identitĂ© Ce sont les habits qu’on me prĂȘte En fait, je cherche un interprĂšte Car ma langue est l’ambiguĂŻtĂ© Ce sont les habits qu’on me prĂȘte Qui me donnent ma densitĂ© Car ma langue est l’ambiguĂŻtĂ© Et me chercher est une quĂȘte Qui me donne ma densitĂ© L’histoire est une pirouette Et me chercher est une quĂȘte Parfois je suis mal fagotĂ©e L’histoire est une pirouette Qui se doit d’ĂȘtre interprĂ©tĂ©e Parfois je suis mal fagotĂ©e Si je suis une devinette Qui se doit d’ĂȘtre interprĂ©tĂ©e Je cherche une voix qui me complĂšte Si je suis une devinette Question de sensibilitĂ© Je cherche une voix qui me complĂšte Quitter la clandestinitĂ© Question de sensibilitĂ© J’ai pris le vent comme il s’entĂȘte Quitter la clandestinitĂ© Dans le bouchon de ma trompette J’ai pris le vent comme il s’entĂȘte Mais j’ai manquĂ© de libertĂ© Dans le bouchon de ma trompette Bonjour je suis la vĂ©ritĂ© G On a dit que Nietzsche, avec ses aphorismes, dĂ©molissait des concepts. Ce n’est pas chez lui interprĂ©ter, mais nous renvoyer Ă  notre responsabilitĂ© de rĂ©cepteur. Il nous oblige Ă  apprendre cet exercice de rechercher tous les sens, les acceptions d’un mot. Par ailleurs, on peut penser qu’il y a des gens qui sont responsables des manipulations dont ils sont les victimes, ce sont des naĂŻfs. Ils ne font pas beaucoup d’efforts, ils prennent les idĂ©es toutes faites. G Je pense que si Bellini, l’auteur de la Norma » entendait Maria Callas interprĂ©ter avec une telle profondeur, une telle virtuositĂ© son opĂ©ra, il dirait La vĂ©ritĂ© de mon Ɠuvre, c’est ça ! ». Il lui aurait alors fallu attendre presque deux siĂšcles pour trouver, pour entendre, cette vĂ©ritĂ© ! G Discourir, c’est assujettir », avançait Roland Barthes. AprĂšs tout ce que j’ai pu entendre sur la philosophie, la politique, la religion, mĂȘme si je ne peux pas affirmer que je n’ai jamais Ă©tĂ© influencĂ©, je ne me sens pas assujetti. Sauf Ă  considĂ©rer les autres comme des niais, on est assujetti que si on le veut bien ; on est victime d’interprĂ©tation parfois par simple paresse intellectuelle; on se ment plus qu’on est victime du mensonge. G Il y a quelque chose de difficile par rapport Ă  l’interprĂ©tation, c’est le langage ; si d’entrĂ©e de jeu nous choisissons des mots qui ont plusieurs significations, il ne faut pas s’étonner du tout que les uns et les autres ne rĂ©agissent pas de la mĂȘme façon. Si on veut rĂ©unir les gens, par exemple pour interprĂ©ter les phĂ©nomĂšnes sociaux avec des mots imprĂ©cis, de ses amis on peut se faire des adversaires, et quelquefois la confusion des mots fait de curieux effets. On a dit Ă  un moment du dĂ©bat, un bon journaliste ne donne pas son avis » ça, j’en doute quand mĂȘme ; si c’est un homme, c’est qu’il est socialement chĂątrĂ© ! Il ne peut pas dire ce qu’il est. Ce que dit un journaliste sur un fait lui est personnel. Une personne qui s’exprime Ă  la tĂ©lĂ©vision, par exemple, elle s’expose, elle interprĂšte avec ses mots, sa physionomie, avec le corps. G Si un journaliste ne devait s’en tenir qu’aux faits et Ă  la stricte vĂ©ritĂ©, nous n’aurions besoin que d’un seul et mĂȘme journal et pas besoin d’éditorialistes pour dĂ©finir la ligne rĂ©dactionnelle. Entre l’AFP et vous, il y a forcĂ©ment interprĂ©tation. G Il faut du doute pour choisir et interprĂ©ter, plus un peu de doute ensuite sur son jugement. G L’interprĂ©tation commence Ă  prendre du sens lĂ  ou une signification ne s’impose pas d’elle-mĂȘme. Dans son essai De l’interprĂ©tation », Paul RicƓur dit Dire quelque chose de quelque chose, c’est, au sens complet et fort du mot, l’interprĂ©ter ». D’aprĂšs lui, il y aurait interprĂ©tation lĂ  oĂč il y a un sens multiple ; c’est dans l’interprĂ©tation que la pluralitĂ© de sens s’est rendue manifeste. Par contre, dans la psychanalyse, on n’est pas en reste, puisqu’elle aussi, propose une certaine mĂ©thode d’interprĂ©tation qui porte sur les comportements, les rĂȘves. G TĂ©moignage En traduisant du théùtre de Garcia-Lorca La Zapateria prodigiosa, j’ai Ă©tĂ© confrontĂ© Ă  la traduction non faite jusque lĂ  de chansons en vers. Il fallait retrouver le sens et les assonances sans trahir le texte. Le ressenti est aussi utile que tous les dictionnaires dans ce cas. En ce qui concerne la tĂ©lĂ©vision, l’image dĂ©jĂ , avant le commentaire, donne une interprĂ©tation. Elle s’adresse aux sens, aux Ă©motions, elle prend le pas souvent sur le propos. G Il y a des sujets oĂč l’on pose des questions, alors qu’on sait qu’il n’y pas de rĂ©ponse ou d’interprĂ©tation satisfaisante pour tous. Les anglais Ă  ce sujet disent Ask me no questions, I’ll tell you no lies » Ne me posez pas de questions et je ne vous dirai pas de mensonges. G On est rentrĂ© dans un dĂ©bat trĂšs difficile, mĂȘme si on a un peu d’expĂ©rience de la philosophie; on se rappelle ce propos, cette boutade Il y a ma vĂ©ritĂ©, ta vĂ©ritĂ©, et la vĂ©ritĂ© ! » G La vĂ©ritĂ© est entre nous ou ailleurs, au-delĂ  de nos propos ! On se rend bien compte, ici au cafĂ©-philo, de la multiplicitĂ© des interprĂ©tations pour que chacun approche un peu la vĂ©ritĂ©. Et chacun repart avec ses questions, enrichi des questions des autres pour continuer notre rĂ©flexion. La vĂ©ritĂ© est une quĂȘte vers laquelle nous ne pouvons que tendre! G Un peuple qui ne sait plus interprĂ©ter ses propres signes, ses propres mythes, ses propres symboles, devient Ă©tranger Ă  lui-mĂȘme, perd foi en son destin.», dit Jean-Marie Adiaffi, cinĂ©aste et poĂšte ivoirien, dans La carte d’indentitĂ©.

Douterest-ce renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© Home ; Dissertations; Douter est-ce renoncer Ă  la vĂ©ritĂ©; Douter est-ce renoncer Ă  la vĂ©ritĂ©. By leter. juin 26, 2018. 827 Views. Dissertations. Share This Post Facebook Twitter Google plus Pinterest Linkedin Digg Le doute pose un problĂšme complĂ©mentaire Soit c’est un doute permanent dans ce cas on ne peut pas Ă©voluer puisque l’on La question de Pilate Ă  JĂ©sus rĂ©sonne encore dans notre monde. Elle n’a certainement jamais perdu sa pertinence, et pourtant, Ă  l’époque oĂč nous vivons, le doute sur la vĂ©ritĂ© est encore plus prĂ©sent. Qu’est-ce que la vĂ©ritĂ©, comment l’atteindre ? Dans la question de Pilate, cela rĂ©sonne presque comme un renoncement Ă  la possibilitĂ© humaine de l’approcher. Et qu’est-ce que la vĂ©rité  Nous avons un profond dĂ©ficit de vĂ©ritĂ©. Le problĂšme du relativisme pointĂ© par BenoĂźt XVI s’est emparĂ© de la culture gĂ©nĂ©rale constater qu’aujourd’hui la question de la vĂ©ritĂ© n’est pas une affaire de ce qui est exact et de ce qui est faux, de ce qui est vrai ou de ce qui est un mensonge, mais que la question de la vĂ©ritĂ© aujourd’hui rĂ©side dans la prise de conscience gĂ©nĂ©ralisĂ©e que le concept mĂȘme de vĂ©ritĂ© n’existe pas. La vĂ©ritĂ© n’existe pas. Il n’y a que la perception subjective, que l’émotion individuelle. Seulement des rĂ©cits, des interprĂ©tations, des comprĂ©hensions qui aboutissent aux mĂȘmes faits. Chacun a sa propre vĂ©ritĂ©, chacun cherche sa propre vĂ©ritĂ©, chacun ressent sa propre vĂ©ritĂ©. Il n’y a pas de vĂ©ritĂ©, par consĂ©quent il n’y a pas de mensonge. Les fake news, la post-vĂ©ritĂ©, l’infoxication comme brouillard constant qui dĂ©figure la rĂ©alitĂ© par accumulation, ne sont que l’écho de la considĂ©ration qu’il n’y a ni vĂ©ritĂ© ni mensonge. L’auto-assistance sentimentale, l’émotivitĂ© de l’idĂ©ologie comme argumentaire, la paresse de la rationalitĂ©, le pluralisme Ă©galitaire comme tamis pour mesurer les opinions, sont autant d’instruments de cette nĂ©gation de l’existence mĂȘme de la vĂ©ritĂ©. Towers © Anne Gallot Comme image parfaite, nous avons la politique, et l’absence de toute honte ou de gĂȘne Ă  vouloir changer de critĂšres, Ă  maintenir des choses diffĂ©rentes et opposĂ©es. MĂȘme en affirmant le contraire de ce qui se passe, bref, en niant ce qui est rĂ©el. Et la clĂ© de la vĂ©ritĂ© dans ces dimensions nous conduit Ă  nier la rĂ©alitĂ© elle-mĂȘme. Biologiquement, mais sans doute aussi socialement. On nie les faits eux-mĂȘmes en les interprĂ©tant et en les racontant en fonction de ses propres intĂ©rĂȘts. La rĂ©alitĂ© est niĂ©e pour ĂȘtre transformĂ©e en une concatĂ©nation d’interprĂ©tations, de versions et de rĂ©cits qui dĂ©figurent l’existant afin de le prĂ©senter selon une vision intĂ©ressĂ©e, individuelle ou idĂ©ologique. Le rĂ©el n’existe pas car il n’y a aucun moyen de le saisir communĂ©ment. C’est l’atomisation et l’individualisme du libĂ©ralisme Ă©levĂ© au rang d’épistĂ©mologie. C’est Ockham, Descartes et Kant qui dĂ©passent la nature elle-mĂȘme, la rĂ©alitĂ© elle-mĂȘme, les faits eux-mĂȘmes. Rien n’est vrai et rien n’est un mensonge, tout dĂ©pend de la couleur du verre Ă  travers lequel une personne le regarde. Ou ce que chacun pense. Ou ce que chacun veut qu’il soit. Dans ces conditions, cela n’a aucun sens de lever l’épĂ©e pour avoir dit que l’herbe Ă©tait verte. Il n’y a pas d’hommes et de femmes mais plutĂŽt des choses plurielles racontĂ©es Ă  partir d’une Ă©motivitĂ© subjective, personnelle et changeante. Il n’y a pas de faits, seulement des mots qui les racontent et les interprĂštent. Seuls les sentiments traduisent ce que l’on pense savoir et deviennent le critĂšre de jugement de tout. Affirmer cela suppose aussi que celui qui vit, saisit et comprend Ă©motionnellement ne sait pas distinguer – lorsqu’on affirme que la vĂ©ritĂ© existe et qu’elle peut ne pas ĂȘtre ce que l’on pense ou ressent – que l’on ne va pas contre lui-mĂȘme personnellement. Les personnes vexĂ©es, les accusations de totalitarisme et d’extrĂ©misme. Pour avoir dit que l’herbe Ă©tait verte ou que les hommes et les femmes existaient, ou qu’une sculpture invisible est une fraude. Et pourtant, tout a besoin de nuances. AprĂšs l’analyse apocalyptique, l’antithĂšse du bon sens. C’est-Ă -dire, la soif face
 au contraire. Avec la vĂ©ritĂ©, nous rencontrons la difficultĂ© qu’elle n’est pas lĂ  dĂ©posĂ©e dans une urne sacrĂ©e et brute, rĂ©pondant objectivement Ă  toute rĂ©alitĂ©. Il existe des perceptions diverses, des rĂ©alitĂ©s imposĂ©es, une fragmentation des connaissances ou des informations qui nous rendent incapables de saisir la vĂ©ritĂ© telle qu’elle est exprimĂ©e en elle-mĂȘme et pleinement dĂ©veloppĂ©e. Le monde est devenu plus complexe et il n’est pas possible pour un Isidore, un Albert ou un Thomas d’avoir une vision complĂšte de la rĂ©alitĂ©. Il est nĂ©cessaire d’interprĂ©ter et de comprendre. Il faut aussi tenir compte des circonstances et des conditions du monde et, bien que l’on ne soit pas un grand croyant de l’idĂ©e du progrĂšs comme moteur de changement anthropologique – l’ĂȘtre humain est ce qu’il est, toujours – on comprend que l’histoire conditionne, et que le contexte de l’homme l’adapte. Douces VĂ©ritĂ©s Aujourd’hui, pour aborder l’idĂ©e de vĂ©ritĂ©, nous ne pouvons pas perdre de vue que la spĂ©cialisation qui nous domine exige l’interdisciplinaritĂ© ; que la subjectivitĂ© est une condition humaine pour saisir ce qui nous entoure ; que le relativisme du selon et du comment, des degrĂ©s et des consĂ©quences, n’est pas toujours faux et a souvent beaucoup Ă  dire ; que les mots sont des moyens d’accĂ©der Ă  la rĂ©alitĂ©, mais aussi des barriĂšres impossibles Ă  franchir parce que, dans une certaine mesure, ils nous sĂ©parent de ce qui est tel qu’il est », mĂȘme si nous n’avons d’autre choix que d’y recourir. Et pourtant, renoncer Ă  l’idĂ©e de vĂ©ritĂ©, c’est renoncer Ă  la possibilitĂ© de se comprendre en tant qu’ĂȘtres humains. Si nous devions accepter qu’il existe autant de vĂ©ritĂ©s que de personnes dans leurs subjectivitĂ©s Ă©motionnelles, la coexistence serait impossible. Il n’y aurait pas de rĂ©alitĂ© commune Ă  partager, nous finirions dans la polarisation et la confrontation sur tous les sujets, Ă©tant donnĂ© que tout serait lu, interprĂ©tĂ©, compris Ă  partir de son propre point de vue. C’est presque lĂ  oĂč nous mĂšne le progressisme d’aujourd’hui. Habermas vise Ă  surmonter ce problĂšme Ă©vident en revenant Ă  l’idĂ©e du contrat social moderne avec la thĂ©orie du dialogue pur fondĂ© sur le respect et la reconnaissance de la dignitĂ© et de la bonne volontĂ© de l’autre, oĂč nous nous accorderions sur quelques » vĂ©ritĂ©s douces » qui nous permettraient de vivre en sociĂ©tĂ© en acceptant de vivre ensemble. Le problĂšme de ces approches est double. L’une de nature thĂ©orique – les conditions idĂ©ales sont impossibles Ă  remplir, et il y a toujours quelqu’un d’assez malin pour les contourner afin de gagner la discussion en utilisant la bonne volontĂ© de l’autre – et l’autre de nature pratique on renonce Ă  la rĂ©alitĂ©, c’est-Ă -dire qu’on construit la coexistence, mais en marge de la rĂ©alitĂ©. La rĂ©alitĂ© existe. Peu importe Ă  quel point l’ingĂ©nierie sociale essaie de s’y opposer, elle existe. Les choses existent. Et elles sont comme elles sont, pas comme nous voudrions qu’elles soient. L’herbe est verte, il y a le jour et la nuit, les hommes et les femmes. Il y a la fĂ©minitĂ© et la masculinitĂ©. Il existe une loi naturelle, un ordre donnĂ©. La condition humaine est ce qu’elle est, et malgrĂ© le transhumanisme, la psychologie, la publicitĂ© et les neurosciences, les ĂȘtres humains sont ce qu’ils sont. Et ce n’est en aucun cas un manque de respect ou de dignitĂ© pour ceux qui disent le contraire. Le point du jour © Anne Gallot Et n’oubliez pas que la crise de la vĂ©ritĂ© n’est pas exclusivement culturelle. Ou plus exactement, elle est culturelle parce qu’elle est d’abord une crise personnelle. Le social est toujours une construction et un tout du personnel – mĂȘme si le tout est plus que le rassemblement de ses parties. La vĂ©ritĂ© avec soi-mĂȘme, avec sa propre identitĂ©, avec sa propre image est la premiĂšre crise de vĂ©ritĂ©. Les dĂ©ceptions liĂ©es Ă  l’émotivisme, au psychologisme et au manque de rationalitĂ© partent toujours du fait que l’homme d’aujourd’hui semble incapable de s’accepter tel qu’il est. Avec ses limites, ses faiblesses et ses dĂ©ficiences. Aussi avec ses potentiels et ses richesses. Incapable – dans un Ă©cho rĂ©volutionnaire et moderne – d’accepter la culture reçue, ce qui a Ă©tĂ© hĂ©ritĂ©, avec tous les besoins de changement que cela comporte, qui ne sont pas peu nombreux. Ce n’est pas accepter cet homme dĂ©jĂ  postmoderne ou transmoderne, incapable de se faire tel qu’il voudrait ĂȘtre idĂ©alement – sous les messages marketing de ce qu’est rĂ©ellement cet idĂ©al pour le marchĂ© et la consommation
 Il y a dans tout cela un Ă©cho biblique qui nous conduit Ă  l’idolĂątrie de l’égoĂŻsme, Ă  l’idolĂątrie d’un moi qui n’accepte pas l’idĂ©e d’ĂȘtre une crĂ©ature, de ne pas ĂȘtre maĂźtre de soi. Comme l’a dit Donoso CortĂ©s, nous ne pouvons pas perdre de vue qu’au cƓur de tout dĂ©bat social se trouve une question thĂ©ologique. Et avec la question de la vĂ©ritĂ© plus que toute autre. Article publiĂ© par Vicente Niño le 27 juin 2021 sur El Debate de Hoy Traduit de l’espagnol par CM MPiY.
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